LE PLUS ÉNIGMATIQUE DES ATOUTS : LA ROUE DE FORTUNE (accès libre)
- Hem Elbée
- 18 févr.
- 13 min de lecture
Dernière mise à jour : 28 mars

LA ROUE DE FORTUNE est l'Atout le plus mystérieux du Tarot et sa signification profonde n'est accessible à l'amateur que s'il en interroge les énigmes. Avant de mettre en lumière ces énigmes et de tenter de les résoudre, commençons cependant par ce qui, dans cette Carte, devait parler, sans recherche particulière, à celui qui la rencontrait à l'époque où le ou les créateur(s) du Tarot en a ou en ont organisé l'expression : LA ROUE DE FORTUNE porte un nom qui, dans sa forme latine de rota fortunae, est une représentation symbolique du destin née en plein Moyen Âge, bien qu'enracinée aussi dans la représentation romaine de la déesse Fortuna.
UN PEU D'HISTOIRE : LES ROTAE FORTUNAE MÉDIÉVALES

L'iconographie de l'Atout X reprend aux rotae fortunae médiévale, la présentation de la déesse que les romains appelaient Fortuna et que les artistes du Moyen Âge imaginaient tourner une roue. Fortuna était une déesse de la chance et du destin qui pouvait aussi bien être favorable que défavorable puisqu'elle représentait la force divine en jeu dans tous les aléas de la vie humaine. La fortune est vécue comme une femme capricieuse aux décisions aléatoires et qu'il s'agissait, par des offrandes, de rendre plus favorable.
D'après l'historien Jérémy Chaponneau, cette association que les artistes du Moyen Âge faisaient entre la déesse Fortuna et la roue pour former ce qu'on appela "les rotae fortunae" est apparue au XIe siècle, et donc en plein Moyen-Âge. Sur certaines de ces représentations médiévales du destin, des personnages étaient accrochés à la roue, figurant, pour celui qui montait, le fait de bénéficier d'une bonne fortune, c'est-à-dire d'une chance évidente et de tous les hasards heureux de la vie, et pour celui qui se trouvait sur la pente descendante, de subir une suite de malchances et de coups du sorts. On peut cependant s'étonner qu'à l'époque où l'art tout entier était soumis à la religion monothéiste chrétienne, une telle place soit faite à une déesse païenne.

La déesse Fortuna et la roue des rotae fortunae médiévales répondaient au sentiment d'injustice que peut représenter une destinée qui, bien que pensée comme obéissant à une décision divine, semble recevoir une distribution aléatoire des sorts heureux et malheureux. Aucune logique ni aucune justice ne vient soutenir la distribution des bons et mauvais sort, ce qui fait que l'homme bon et juste peut souffrir d'une suite de malheurs pendant qu'un homme mauvais peut bénéficier d'une chance éclatante. Ce n'est pas pour rien que la langue française parle, encore de nos jours, des "caprices de la fortune". Une sorte de scandale découle de cette distribution aléatoire du sort de chacun qui s'accorde mal à une représentation religieuse où un dieu omnipotent et omniscient décide de tous les événements. Dès lors, les théologiens monothéistes ont dû proposer le rétablissement d'une cohérence, et cela, dès le commencement du monothéisme.
LES MALHEURS DE JOB ET LE SCANDALE QU'ILS REPRÉSENTENT
Alors que la déesse Fortuna des latins admettait le caractère capricieux et aléatoire de la vie - la sagesse consistant alors pour les philosophes latins et particulièrement les stoïciens, dans le fait de bien supporter les malheurs et de rester modeste et calme dans les moments de bonheur et de gloire -, la croyance religieuse monothéiste qui repose sur la notion de providence se doit de résoudre le scandale que représente les malheurs du juste : comment, en effet, un Dieu intégralement bon, omnipotent et omniscient pourrait-il faire pleuvoir les bénédictions sur le méchant et l'impie tandis que ce sont des malheurs que souvent supporte la bonne personne ? D'où le récit de Job et l'explication qu'il propose de cet apparent scandale.

Job était en effet un homme bon et pieux qui se trouva, à un moment donné de sa vie, confronté à une suite de calamités. Lui qui avait sept fils et trois filles perd tous ses enfants ; lui qui était très riche voit toute sa richesse fondre au point de tomber dans la plus grande pauvreté ; et enfin, lui qui avait une santé florissante, est tombé très malade. Le peintre Georges de la Tour a même imaginé, dans une misogynie des plus classiques et que la Bible suggère, le pauvre Job rencontrant un dernier malheur : il se vit raillé par sa propre épouse. Dans la bible, il est vrai, cette épouse exprime son exaspération devant les malheurs d'un époux si bien qu'elle lui conseille de maudire Dieu et de mourir.
Si Job avait appartenu à une société païenne, tout le monde autour de lui aurait pensé qu'il n'était pas aimé par la déesse Fortuna. Personne n'aurait pas cherché de raisons au-delà de ce désamour, et on lui aurait conseillé - pour sortir de ce mauvais pas - d'aller faire quelques sacrifices dans un des temples de la déesse ou encore de consulter un astrologue pour connaître à quel moment de sa vie cette descente aux enfers allait se terminer.
Mais Job appartenait à un monde engagé dans le monothéisme où il était impossible d'imaginer le Dieu unique faire des caprices et traiter de manière aléatoire les destins des êtres humains. Tous ses voisins et amis et même sa femme ont donc interprété ce malheureux destin de Job comme la conséquence d'un péché caché, honteusement secret, et qui, seul, justifierait un tel traitement destinal. Selon le récit même qu'en fait la Bible, tous considéraient les malheurs de Job comme l'expression d'une punition divine. Une telle interprétation sociale qui transformait le malheur en châtiment divin ne pouvait qu'ajouter une nouvelle cause de souffrance dans cet accablement qui pesait sur un Job qui, pourtant est, par ailleurs, présenté comme particulièrement pieux et vertueux. Il était évident que ce type d'explication devait être remplacée par une autre plus charitable.
La bible hébraïque réfute en effet cette interprétation facile qui considère tout malheur comme un châtiment divin. Elle considère donc le cas de Job comme une mise à l'épreuve qui est particulièrement destinée à frapper les justes et les pieux. Car la foi pour être authentique ne doit en rien ressembler à une sorte de marché passé avec le divin et en tant qu'assurance sur l'avenir. Aussi le récit biblique va-t-il donner un autre sens à ce scandale et à cet impensable qu'est la vie malheureuse de l'homme juste : c'est Satan, l'ange de l'accusation qui, voyant Job si pieux et si honnête, a demandé à Dieu l'autorisation de tester la profondeur de sa foi le véritable fondement de ses vertus... en le confrontant à une suite de malheurs. Job allait-il rester aussi pieux et juste ou allait-il se décourager et se détourner de Dieu ? Que vaut, pensait, en effet un Satan manifestement philosophe, la parfaite rectitude d'un homme qui, du fait même de cette rectitude, est comblé par la vie ? N'y a-t-il pas là quelque chose de l'ordre du calcul et du marché qui annulerait la valeur intrinsèque de la rectitude ? Satan, dont on oublie souvent qu'il est un Serviteur divin au sein même de l'imaginaire monothéiste initial, obtint donc l'autorisation de Dieu de faire pleuvoir les malheurs sur Job.
Le récit biblique sur la vie de Job transforme donc le caractère à la fois capricieux de Fortuna et le scandale éthique que représentent les malheurs de l'homme juste et bon, en une série d'épreuves envoyées par Dieu tout particulièrement aux bonnes personnes, afin qu'elles puissent découvrir, en elles-mêmes, la profondeur de leur foi et leur attachement à la vertu. Mais ces épreuves... doivent n'être que temporaires. Il faut qu'à un moment donné la justice, la vertu et la foi se trouvent réunies au bonheur, fusse comme l'avait compris le philosophe Kant, dans l'au-delà. Comme dans la croyance hébraïque originelle, il n'y avait pas place pour l'au-delà, il était impossible que Job mourut méprisé de tous, pauvre et malade. Ayant triomphé de l'épreuve de Satan, il vécut la suite de sa vie riche et entouré de nouveaux enfants.
Ce faisant, et bien qu'appartenant à l'univers monothéiste, l'histoire de Job s'inscrit dans une vision de la vie humaine où alternent bonheur et malheur, ce qu'illustre à merveille la rota fortunae médiévale.
LA ROUE ASTROLOGIQUE ET L'HERMÉTISME DE L'ANTIQUITÉ

De leur côté et bien que, dans leur vision des rapports de l'humanité à la vie, ils faisaient place au caractère purement aléatoire des événements, les païens avaient développé une représentation du monde où, en quelque sorte et de manière nécessaire... après la pluie revient toujours le beau temps et vice versa. Il y avait dans cette alternance, une cyclicité qui a certainement joué un rôle dans l'élaboration de ce concept médiéval de rota fortunae. La représentation astrologique d'une destinée inscrite, dès la naissance, par un jeu de miroir entre le Ciel et la Terre, relève de l'hermétisme alexandrin qui inspire en outre profondément le Tarot.
En tant que Livre en image de la doctrine hermétiste telle qu'elle avait resurgi à la Renaissance à travers une inflexion chrétienne, le Tarot faisait place à cette conception païenne et astrologique de la relation humaine à la fortune, une relation confrontée à la cyclicité. La rota fortunae du Tarot doit certainement beaucoup au postulat hermétiste selon lequel monde cosmique et astral d'une part et monde terrestre et humain d'autre part obéissent aux mêmes cycles. C'est ce que résume le début de la fameuse Table d'Émeraude que les lettrés du Moyen Âge connaissaient tous et qui concentre l'essentiel de la doctrine hermétiste :
"ce qui en bas est comme ce qui est en haut, et ce qui est en haut est comme ce qui est en bas, pour faire les miracles d'une seule chose".
Bien que l'astrologie soit antérieure à l'hermétisme alexandrin, ce dernier avait intégré les spéculations des astrologues babyloniens et chaldéens à sa propre vision du monde. Le postulat selon lequel ce qui se vit sur Terre est le reflet des aventures céleste permettait d'une part trouver des raisons logiques à ce qui semble n'en avoir aucun dans les notion de destinée, de chance et de malchance et, d'autre part, donnait à l'humanité les moyens d'infléchir, du bon côté, les destinées individuelles et collectives. Le destin des êtres humains apparaissait comme un phénomène semblable à celui des saisons. Par cette communauté de destin qui existe entre le Ciel et la Terre, chacun devait être amené, dans sa vie, à connaître des périodes fastes et des périodes difficiles, les unes succédant aux autres, en suivant les configurations du ciel astral. En jouant sur la connaissance de la carte du Ciel telle qu'elle existe au moment de la naissance d'un individu et en la mettant en relation les relations astrales du moment, l'astrologue hermétiste affirmait être capable de connaître, à l'avance, les bonnes périodes et les mauvaises périodes de la vie de chacun, faisant donc des prédictions, conseillant ses consultants dans leurs entreprises, révélant les heures propices ou au contraire défavorables pour se lancer dans telle ou telle aventure.
Il est bien évident que LA ROUE DE FORTUNE du Tarot de Marseille est l'héritière à la fois du fondement métaphysique des roues astrologiques antiques et du besoin éprouvés par le monothéisme de justifier, d'une façon ou d'une autre et à l'intérieur d'une représentation du réel portée par la vision d'un dieu bon et providentiel, le scandale que représentent le malheur de l'homme juste et le bonheur du méchant - ce que les latins attribuaient à la capricieuse déesse Fortuna -. Mais certaines rotae fortunae médiévales ont ajouté une autre dimension, une dimension morale et politique qui s'est traduite par l'animalisation partielle ou complète des êtres humains qu'on retrouve dans le Tarot. Connaître le sens symbolique des rotae fortunae médiévale peut-il nous aider à décrypter le sens des personnages en jeu sur la rota fortunae du Tarot ?
LES ROTAE FORTUNAE MÉDIÉVALES ET LEUR SIGNIFICATION MORALE ET POLITIQUE

Si le Moyen Âge, hautement théologique et religieux, a inventé cette notion, remarquable sur un plan symbolique, de la rota fortunae, ce n'est évidemment pas parce que ses artistes revenaient à la notion païenne d'une déesse capricieuse dont il aurait fallu flatter la bienveillance.
Pour autant, les artistes du Moyen Âge ne se situaient pas non plus dans une reprise de l'interprétation biblique des malheurs de Job et qui fait de ces derniers une grande épreuve de la foi et de la vertu.
La visée médiévale était moraliste et l'animalisation de l'humanité avait pour fin d'illustrer les risques que font peser les aléas de la vie sur ceux qui bénéficient de la chance et du succès, et plus encore sur ceux qui se trouvent dans des situations de pouvoir, quand, au contraire, les aléas douloureux de la vie se révèlent comme ayant une fonction de purification. Si le Moyen Âge fait intervenir une forme d'animalisation de l'humanité sur ses rotae fortunae, c'est parce que, selon l'interprétation propre à cette époque, était en jeu, dans les aléas de la fortune, l'humanité même des êtres humains.
Dans l'enluminure qui inaugure Des Cas des nobles hommes et femmes de Boccace où le florentin présente les moments importants de la vie des nobles - on voit une animalisation du haut du corps de celui qui s'élève sur la roue de la fortune. Cette animalisation a totalement envahi celui qui règne au sommet de la roue. Puis, elle disparaît en partie chez celui qui redescend et, enfin, elle a totalement disparu chez celui qui est allongé tout en bas et qui retrouve un corps totalement humain. Le message était clair : la chance, les facilités de la vie, la bonne fortune tendent à diminuer l'humanité de l'humanité, et il n'en reste quasiment rien hormis la posture quand on se trouve durablement au sommet de la société. Au contraire, la mauvaise fortune permet à celui qu'elle accable de retrouver peu à peu une humanité qui n'est cependant complète que tout en bas, quand il subit durablement le mépris de la société et les épreuves de la vie que sont par exemple les deuils, la ruine, et les maladies.
Ce qui ressort donc de cette interprétation médiévale de la rota fortunae, c'est le sens nouveau que prennent bonheur et malheur, un sens qui est en rupture avec toutes leurs interprétations antiques, qu'elles soient païennes ou monothéistes : le malheur au Moyen Âge n'apparaît plus comme le produit d'une déesse païenne capricieuse qu'il s'agirait de mettre de son côté par des prières ou des offrandes, ni comme une épreuve voulue par Dieu pour tester la foi des justes, ni non plus comme l'expression d'un châtiment pour quelques fautes passées. Il apparaît comme ayant une fonction éducative et purificatrice, tandis que le bonheur se révèle comme possédant une fonction abrutissante au premier sens du terme. Rien ne rend l'humanité plus bête, selon l'illustration qui préside l'oeuvre de Boccace, que de vivre une vie particulièrement chanceuse, comme c'est le cas, souvent, des membres des familles princières qui régnaient dans l'Italie morcelée de l'époque où le Tarot allait, un siècle plus tard, être créé, tandis qu'à l'inverse, le malheur ou mieux encore une suite de malheurs rend l'humanité à ce que aurait lui dû être inaliénable : sa propre humanité, c'est-à-dire, ses capacités compassionnelles, son éthique, sa bonté.
Dans les rotae fortunae médiévale où l'humanité s'animalise ou s'humanise en fonction du statut social, c'est la dureté du coeur qui est dénoncé ainsi que le fait qu'elle accompagne presque nécessairement tout statut élevé au sein de la société. Au contraire, les rotae fortunae médiévales témoignait du fait surprenant au premier regard seulement qu'un revers de fortune peut rendre plus compatissant en face des souffrances d'autrui. Les rotae fortunae médiévales avaient donc une signification à la fois morale et politique. Il faut en effet avoir le coeur endurci pour supporter les très grandes inégalités sociales qui accompagnaient les hiérarchies sociales et politiques de l'époque, et voir par la fenêtre et sans en être affecté, des miséreux mourir de la faim tout en continuant à festoyer... Et puisqu'en haut de la roue, c'est un animal qui règne, presque un démon, elles s'inscrivaient aussi dans une critique du pouvoir et de sa tendance à corrompre ceux qui en bénéficient.

Deux siècles après Boccace, Dürer a repris l'illustration de la rota fortunae par cette transformation des êtres humains en animaux, mais cette fois, la roue tourne dans l'autre sens. C'est cependant toujours la même idée qui est en jeu : le personnage de droite qui monte est en voie d'abrutissement, tandis que celui de gauche, qui descend, reprend visage humain. Sur la roue de Dürer, c'est aussi un animal qui là encore est tout en haut, et il est clairement identifiable : il s'agit d'un âne, le symbole de la bêtise humaine.
De fait, dans La Nef des fous, qu'illustre la roue de Dürer, Sébastien Brant dédie chacun de ses poèmes à la folie qui règne dans la société des hommes de son temps. La rota fortunae qui accompagne ses poèmes satyriques se moque donc de ceux qui se fient à la chance et au hasard pour mener leur vie et particulièrement des puissants de ce monde qui sont appelés, par leur destin singulier, à gouverner les peuples. La gloire risque d'être brève, les met-elle en garde, et la chute peut venir rapidement et durer un bon moment. Mais surtout, c'est leur propre humanité qui est en jeu. D'où ces conseils que cette illustration de la roue du destin distille : les grands de ce monde doivent apprendre à devenir plus humble, à obéir à la raison et à gouverner avec amour et tolérance, et cela sur le modèle du Christ. Alors, peut-être seront-ils autre chose que des ânes...
La roue de Dürer, d'autre part, a fait disparaître le personnage tout en bas et avec lui le seul être humain qu'on trouvait entièrement humanisé dans la roue de Boccace. Cette disparition est aussi en jeu dans la rota fortunae du Tarot et en décrypter la signification symbolique est donc nécessaire. Tout se passe alors comme si, pour Dürer, ainsi que pour le Tarot, la pleine humanité de l'humanité restait inaccessible tant qu'on l'attend de la bonne ou mauvaise fortune. Ni Dürer ni le créateur du Tarot ne semblent encore croire au fait que les malheurs peuvent creuser en chaque être humain toutes les vertus nécessaires à l'épanouissement de leur humanité. Dürer était un initié en matière d'hermétisme et, pas plus que pour le créateur du Tarot, il n'attendait des seuls malheurs la pleine réalisation de l'humanité, se contentant d'agréer à la critique médiévale de la dureté du coeur et de la bêtise que la haute naissance ou l'heureuse fortune tendent à générer ou à aggraver.
DEUX ANIMAUX EN HABIT ET UN MYSTÉRIEUX GARDIEN DU SEUIL

Maintenant que nous avons replacé l'iconographie de l'Atout X dans son contexte historique, nous comprenons que la rota fortunae qu'on y trouve n'a pas le même sens que celui, de nature morale et/ou politique, que mettent en scène les rotae fortunae médiévale ou plus tardives. Si, comme dans la rota fortunae de Dürer, la personne humaine qu'on trouvait dans le bas de la roue illustrant l'oeuvre de Boccace a disparu de la roue du Tarot, cette dernière se distingue de toutes les autres rotae fortunae par le fait qu'aucun de ses personnages ne possède un corps humain ou une partie du corps humain. Dans le Tarot, les différences qui existent entre l'animal qui monte et celui qui descend ne relèvent que de la symbolique animale et non de l'analyse morale et politique. C'est que le sens que possède la rota fortunae tarologique n'est ni religieux, ni moral, ni politique. Il est hermétique.
La suite, ici...