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  • FORMATION À L'ORGANISATION HOLISTIQUE DU TAROT DE MARSEILLE

    LES MODALITÉS DE LA FORMATION La formation se fait en trois modules qui doivent être suivis à la suite les uns des autres. Il n'est ainsi pas possible de faire l'impasse sur le 1er module pour faire le 2e ou le 3e directement, car la connaissance de ce qui est enseigné dans le 1er module est nécessaire à la compréhension de ce qui est présenté dans les modules suivants. Le premier module porte sur l'histoire et l'Organisation holistique du Tarot de Marseille sous sa forme générale. Le second module porte sur les Atouts avec étude des Mains et Verticales du Tarot, ainsi que les Croix de complémentaires. Le troisième module porte sur les Couleurs du Tarot avec étude des Cours et des Cartes numérales. PROCHAINES FORMATIONS : 1er module : 15 juillet 2025. La formation est complète, les inscriptions sont closes .

  • LES JEUX DE CARTES À L’ÉPOQUE DE LA RENAISSANCE (accès libre)

    La Mort à cheval du Visconti-Sforza (Bibliothèque Beineke) LE TAROT DE MARSEILLE N’EST PAS NÉ À MARSEILLE, ET PAS MÊME EN FRANCE On a longtemps pensé que le Tarot de Marseille, dans sa forme fixée malgré quelques variations, était l’invention de cartiers français du XVIIe ou XVIIIe siècles, tandis qu’en Italie les jeux qui avaient cours à la Renaissance étaient des jeux de Triomphes, dont les auteurs auraient été, en quelque sorte, les grands-parents du Tarot de Marseille. En réalité, si les jeux à Triomphes créés dans les différentes cours princières de l'Italie de la Renaissance représentent effectivement les principales sources d'inspiration du Tarot de Marseille, pour autant, le jeu tel que nous le connaissons, avec ses vingt-deux Atouts, ses quatre Cours et ses quarante Cartes numérales, ainsi que ses quatre Couleurs, est né en Italie, en pleine Renaissance, à la Cour du Duc de Milan. Il faut reconnaître cependant que l'histoire du Tarot de Marseille est quelque peu trompeuse. Les plus anciens jeux de Tarot qu'il nous reste du passé ont été imprimés en France : il s’agit du jeu de Catelin Geofroy puis celui de Jean Noblet qui datent respectivement de 1557 et 1650. D’autre part, c'est un grand auteur de littérature française, Rabelais, qui parle du Tarot, sous ce nom, au sein de la littérature française, puisque c'est dans Gargantua, au chapitre XXII, que se trouve cette première mention romanesque. Enfin, c’est aussi en France que le Tarot de Marseille, tel qu’on le connaît, s’est d'abord diffusé au sein de l'Europe : les jeux sont imprimés à Lyon d’abord, puis de là, à Paris, et à Rouen. En 1600, Lyon, Paris et Rouen sont les trois plus importantes villes où s’activent les manufactures des Cartes qui se diffusent, ensuite, partout en Europe. On parle à l’époque de ces villes comme « des greniers à cartes de l’Europe ». On pensait dès lors que les jeux de Triomphes italiens étaient en quelque sorte les ancêtres d’un Tarot qui aurait trouvé sa forme définitive en France, et qu’on a désigné, pour une raison quelque peu mystérieuse puisque Marseille n'était pas un grand centre d'impression de jeux de cartes, sous le nom de « Tarot de Marseille ». LE TAROT DE MARSEILLE EST ITALIEN ET A ÉTÉ CRÉÉ EN PLEINE RENAISSANCE Le MONDE, Atout retrouvé dans le puits du château de Milan En réalité, le Tarot est né en Italie et très probablement au XVe siècle, c’est-à-dire en pleine Renaissance, et non dans la France des XVIe ou XVIIe siècles. Et si on en est, désormais, à peu près assuré, c’est parce qu’il y a eu une série de découvertes historiennes qui va dans ce sens. Au début du XXe siècle, on a en effet retrouvé dans le puits du château des Sforza à Milan, six Cartes dont cinq à points et un Atout (l’Atout XXI, Le Monde) qui sont en tous points semblables à la forme fixée du Tarot de Marseille tel que les cartiers français l’ont transmise à la postérité. L'Atout XXI possède ce nombre XXI qui n’existe pas dans les jeux à triomphes italiens et l’iconographie de la Carte est parfaitement semblable à celle qu'on trouve dans les jeux plus tardifs édités en France. La datation précise de ces six Cartes n’est pas possible, mais les historiens estiment qu'il s'agit probablement de la fin du XVe siècle ou du début du XVIe siècle. Le fait que ces Cartes aient été retrouvées dans un puits à Milan, précisément dans le puits du château des Sforza, une lignée de princes italiens connue pour son mécénat, est loin d’être indifférent, car dans cette Cour, il y avait des artistes hors pair comme Botticelli ou Léonard de Vinci, ainsi que des spécialistes de géométrie sacrée comme le fut Luca Pacioli de laquelle, dans sa structure holistique, le Tarot de Marseille s'inspire. LA LUNE et L'ÉTOILE dans la Feuille Cary D’autre part, Lord Sir Michael Dummett, un philosophe anglais et historien spécialisé dans le Tarot, a présenté dans un de ses livres, ce qu’on appelle « la feuille de Cary » (du nom de son dernier propriétaire privé), et qui représente une impression cartonnée d’un jeu qui n’est pas encore découpé. Or, cette feuille Cary provient elle aussi de Milan et représente bien des aspects de l’iconographie habituelle du Tarot, même si on n’y trouve pas les nombres que possède, au contraire, la carte trouvée dans le puits du Château de Milan. Cette feuille Cary daterait elle aussi de la fin du XVe siècle ou du début du XVIe siècle, précisément à une époque où Milan fut envahie par les troupes du roi de France, un roi qui avait ensuite très probablement emmené avec lui un exemplaire du Tarot de Marseille, ce qui explique dès lors pourquoi c’est en France que ce jeu si particulier s’est imprimé et diffusé en premier lieu. Ludovico Sforza , Miniature d e Giovanni Ambrogio de Predis Si les Cartes du puits du Château de Milan et la feuille Cary sont datées, par les historiens, du tout début du XVIe siècle, cela ne veut pas dire que le Tarot soit né à ce moment-là. Il est vraisemblable au contraire qu’il soit né quelques décennies avant, en plein XVe siècle, c’est-à-dire à l’époque où le duc Ludovic Sforza, célèbre pour son intelligence, mais aussi pour son absence de scrupules (il s'était emparé du pouvoir qui aurait dû appartenir à son neveu), ainsi que pour la liberté de ses mœurs au regard de l’influence religieuse, invite, à Milan, des artistes, des penseurs, des chercheurs qui sont à la pointe de la créativité italienne. Et il n’est pas non plus indifférent, pour expliquer pourquoi le Tarot s'est diffusé en France, que ce duc soit mort en France, emmené là par les troupes du roi victorieux, puis emprisonné à Lyon, précisément où allait se développer une importante manufacture de cartes à jouer. Il est raisonnable dès lors de penser que le Tarot créé en Italie, à Milan plus précisément, dans la cour du duc Ludovic Sforza, a émigré en France où des cartiers se sont chargés de le reproduire et d’en faire la diffusion en France, puis partout en Europe. Savoir où est né le Tarot de Marseille n’est pas suffisant, cependant, pour comprendre son importance historique, ainsi que pour en saisir le sens, il faut encore restituer le milieu historique où est très probablement né le Tarot et ce qui l'a inspiré. LES JEUX ET SOURCES D’INSPIRATION DU TAROT DE MARSEILLE Le 21 du Tarot français des joueurs Il ne faut jamais oublier que le Tarot a, d’abord, été un jeu de Cartes : les joueurs l’utilisent tel quel jusqu’au XIXe siècle où le Tarot de Marseille se spécialise dans ses usages ésotériques et divinatoires, pendant que les joueurs se dotent d’un tarot très différent, un tarot aux images inspirées par la vie quotidienne de la France du XIXe siècle. Il est généralement admis que les premiers jeux existant dans l’histoire de l’humanité ont été inventés en Chine, au XIIe siècle, et qu’ils seraient arrivés en Occident en passant par le sultanat mamelouk d’Égypte et par les marchands de Venise, cette ville étant très ouverte au commerce international qui faisait sa richesse. Ces jeux étant des jeux d’argent et de plus en plus populaires, l’Église de Rome commence à condamner à partir du XVe siècle. L’essor de ces jeux est cependant d’autant plus dynamique qu’il bénéficie de l’invention de la xylographie, une impression sur gravure, qui permet de réduire le coût de production. Auparavant, et donc durant au moins la première partie du XVe siècle, les jeux étaient dessinés à la main et enluminés, de ce fait, ils étaient très onéreux et réservés aux usages de l’aristocratie. Parmi les jeux les plus anciens, on a principalement trois types de jeux : les naibis, les jeux de cartes de cours, et enfin les jeux éducatifs et moraux à destination de la jeunesse. L’association des trois types de cartes est, d'abord, le fait des jeux princiers à Triomphes qui ont pu, un temps, rivaliser avec le Tarot de Marseille, et plus vraisemblablement encore, en inspirer la création. LES CARTES NUMÉRALES OU NAIBIS On désigne sous le terme de « Cartes numérales » ou "Nombres" les cartes où il n’y a pas de personnages, et qui sont organisées en enseignes, ainsi qu' en nombres inscrits sur les cartes et croissants, les Nombres apportant un certain nombres de points, d'où leur nom aussi dans le monde des joueurs de cartes de "cartes à points". Un décret de la cité de Florence datant du 23 mai 1376 permet de comprendre à quel moment les jeux de cartes sont apparus en Italie. Ce décret émet une forte réserve à l’égard des jeux importés : « Nous, les prieurs, voulant combattre les mauvais principes, ayant ouï qu’un certain jeu appelé naibbe a pris pied dans cette région (…) » . C'est donc au XIVe siècle que les jeux de cartes, jeux d'argent, apparaissent et inquiètent les autorités politiques et religieuses de l'époque. D’où viennent ces naibi ? Si l’origine des cartes en Chine ne fait pas de doute, reste qu’entre l’Italie, l’Allemagne et les pays arabes, l’antériorité de tel ou tel espace culturel est désormais très discutée. Deux d'Épée dans un jeu des Mamelouks Quoi qu’il en soit de cette antériorité, une chose est sûre, les naibis des Mamelouks, cette lignée de dirigeants qui régnaient en Égypte, Syrie et Arabie et qui, par la suite, a été remplacée par celle des Ottomans, sont des jeux de cartes à points, magnifiquement décorés, dont on peut contempler les quelques cartes parvenues jusqu’à nous au musée Topkapi d’Istanbul. Ces cartes montrent une parenté évidente avec les cartes numérales des jeux italiens. On y retrouve ainsi la division en quatre couleurs : épées, bâtons (de polo), deniers et coupes. Ces enseignes désormais appelées « italiennes » et qui restent celles du Tarot de Marseille ont été remplacées dans le reste de l’Europe par des enseignes nationales avec, par exemple, en Allemagne des cartes divisées en feuilles, glands, grelots et cœurs ; en Suisse des cartes réparties en roses, grelots, glands et boucliers ; en Espagne la répartition se fait entre les cartes d’ors, de bâtons, d’épées et de coupes. Puis, les enseignes qui se sont imposées en France : carreaux, piques, trèfles et cœurs, se sont progressivement répandus partout en Europe, puis dans le monde, évinçant les enseignes nationales. Une seule exception résiste à cette diffusion des enseignes françaises : le Tarot de Marseille qui conserve les enseignes italiennes. LES JEUX DE COURS OU D’HONNEURS Les Jeux de Cour sont sans doute parmi les jeux les plus anciens en Occident. Au dernier tiers du XIVe siècle, un moine allemand en parle dans un traité : « voici qu’un certain jeu, qui est appelé jeu de cartes , dit-il, est arrivé chez nous cette année, c’est-à-dire l’année du Seigneur 1377. Dans ce jeu, l’état du monde dans les temps actuels et modernes est figuré de façon parfaite ». Ce monde qu’on retrouve sur les cartes des joueurs, c’est le monde des cours royales de son temps dans lesquels se trouvent des rois et parfois des reines, ainsi que de hauts et de bas serviteurs: les marshalli par exemple et les dames de maison et de compagnie. La Reine de France dans les Cartes de Cour d'Ambras, dans le Jeu des Offices de la Cour Allemagne (1450) ( In L'Histoire du Tarot d'Isabelle Nadolny) Les plus célèbres de ces jeux de Cour, sont le Jeu de Stuttgart et le « jeu des offices de la Cour" : Der Hofämterspiel ). Créé vers 1455, dans le sud de l’Allemagne d’alors (en Autriche actuelle), il a traversé entier les siècles jusqu’à nous. Il se compose de 48 cartes intactes, faites à partir de gravures sur bois peintes à la main, ces cartes se répartissant en quatre cours royales : cour de Bohème, cour d’Allemagne, cour de France et cour de Hongrie, chaque carte portant l’écusson de la cour en emblème. Chaque cour se subdivise en douze personnages liés, selon leur enseigne et quatre par quatre, à un Nombre. En I, nous trouvons deux Bouffons (de la cour de Bohème et de la cour d’Allemagne) et deux Bouffonnes (de la cour de France et de la cour de Hongrie) ; dans les cartes des nombres II, III, IIII, et V, sont présentés les métiers et fonctions nécessaires à la vie de la cour (dont le potier, le chasseur, le boulanger, le tailleur, le barbier, etc.) ; puis à partir du nombre VI, on voit les personnages vivre à la cour et la servir directement (dame d’honneur, chambellan, chapelain, chancelier, et maîtresse de maison), le nombre X représentent les Maréchaux, puis accompagnant les nombres XI et XII, sont en jeu les reines et les rois. Selon l’historienne Isabelle Nadolny, dans ces jeux de Cours, on retrouve « ni plus ni moins qu’une splendide et vivante évocation de la vie seigneuriale du temps ». En France, deux cartiers se distinguent : un dénommé Jacques d’une part, et Jean de Dale d’autre part, qui l’un et l’autre travaillaient à Lyon. Souvent, ces jeux français furent composés à partir des grandes maisons aristocratiques, mais aussi de la mythologie. La pucelle d’Orléans côtoie ainsi de grands ducs (de Bourgogne, de Normandie, de Reims…), des comtes (de Flandre, de Paris), mais aussi Vénus, Pallas Athéna, et la fée Mélusine... Les cours portent parfois des blasons, et se dotent des devises de ces cours. Très clairement ls jeux de cour avaient une fonction pédagogique : ils transmettaient des modèles historiques ou mythologiques à la jeunesse aristocratique. Mais, à l'époque où le Tarot de Marseille apparaît, il existait aussi des cartes d'images, plus clairement éducatives encore. LES JEUX ÉDUCATIFS ET MORAUX : L E TAROT DE MANTEGNA Croire que les jeux de cartes, qui sont des jeux d’argent, de hasard et de stratégies, représentent la source unique du Tarot de Marseille serait une erreur. En réalité, dans cette Italie de la Renaissance où se trouvent Rome et la papauté, le pouvoir des images est depuis longtemps reconnu et elles sont un instrument important de l’éducation de l’aristocratie. Deux ensembles d’images éducatives sont importants quand on étudie le milieu historique où le Tarot de Marseille a été créé : le jeu de Mantegna et les Triomphes de Pétrarque. La Force dans le Tarot de Mantegna En ce qui concerne le nom de ce qu’on appelle « le Tarot de Mantegna », il faut d'emblée mentionner le caractère trompeur de cette désignation historique puisque cet ensemble d'images n’est pas un tarot, ni même un jeu, et ce n’est pas non plus ce peintre italien qu’est Mantegna qui en est l'origine. En réalité, on ne sait pas exactement qui est l’artiste qui a créé ce support pédagogique de la Renaissance italienne. Le jeu de Mantegna se compose de cinquante gravures sur un support de feuilles non cartonnées, probablement exécutées à Ferrare, et reliées entre elles comme dans un livre. Ces cinquante gravures se subdivisent en cinq groupes de dix images organisées par les lettres A, B, C, et D. Chacun des ensembles contient des personnages ayant en commun une dimension de la réalité et de l'imaginaire : des êtres humains composent l’ensemble E, des êtres humains et des divinités grecques l’ensemble D, les arts et les sciences pour l’ensemble C, les grandes vertus et les principes cosmiques pour l’ensemble B, et enfin pour l’ensemble A, les planètes et sphères cosmiques. Chaque ensemble est hiérarchisé du plus bas – les chiffres et nombres qui contiennent le 1, comme le 11, le 21, le 31 et le 41 -, jusqu'au plus haut, les multiples de dix : le 10, le 20, le 30, le 40 et le 50. Dans la hiérarchie humaine, on part ainsi du nombre 1 qui correspond au Mendiant qui n’est pas sans rappeler aux amateurs du Tarot de Marseille, le MAT, et on s’élève au 2 où se situe le Serviteur, puis au 3 qui correspond à l’Artisan, au 4, le Marchand, au 5, le Gentilhomme, au 6, le Chevalier, au 7, le Doge, au 8, le Roi, au 9, l’Empereur, et au 10, le Pape, qui est au sommet de la hiérarchie humaine. Le Tarot de Mantegna, on le voit, installe et transmet un ordre social où l'aristocratie domine le peuple, mais qui est, elle-même, soumise aux puissances spirituelles de l'Église de Rome. Il est très intéressant de comparer le Tarot de Mantegna à l'organisation du Tarot de Marseille, en particulier, en ce qui concerne la hiérarchie des Vertus où l'ordre transmis n'est pas soumis aux mêmes hiérarchies. Ainsi, la vertu profane la plus haute pour le tarot Mantegna, c’est la Justice, qui est cependant dépassée par les trois vertus théologales (qui disposent l’homme à être en relation avec Dieu) : la Charité, l’Espérance et la Foi. Pour le Tarot, La Justice est la plus basse des vertus, et elle apparaît dès lors comme le socle fondateur des autres. Dans le Tarot de Marseille, en outre, les vertus théologales ont disparu. C'est que le Tarot de Marseille fait tout autre chose que de pérenniser un ordre social et politique existant. Il vise une initiation hermétique. LES TRIOMPHES DE PÉTRARQUE L’autre source principale d’inspiration du Tarot de Marseille ainsi que des jeux princiers à triomphes, ce sont les Triomphes du poète Pétrarque. Pétrarque était un grand érudit et il a largement contribué à la Renaissance italienne. Il possédait une grande bibliothèque et avait traduit certains des textes majeurs de l’Antiquité, facilitant la diffusion du savoir chez ses contemporains. Il est l’un des plus importants acteurs de ce mouvement qui a transformé l’Occident et l’a fait passer du Moyen-Âge à la Renaissance. Mais Pétrarque était aussi un moraliste qui croyait profondément au message évangélique et à l’espérance qu’il transmet. La Mort en Triomphe Pétrarque Les Triomphes de Pétrarque représentent une série de poèmes allégoriques qui mettent en image un rêve où une bataille est en jeu, celle de la lutte de l’humanité contre les passions. Cette œuvre est composée de six chapitres consacrés, chacun, au triomphe d’une allégorie, chacune étant dépassée par la suivante, et cela jusqu’à la dernière : l’éternité, refuge ultime de l’âme humaine qui a oeuvré au parfait dépassement des passions. Les Triomphes de Pétrarque commencent avec celui de l’Amour, qui est, ensuite, supplanté par celui de la Chasteté, puis celle-ci l’est par la Mort, que dépasse la Renommée, laquelle se trouve surplombée par le Temps et, pour finir, se trouve l’Éternité, ce refuge ultime de l’homme en dieu. Ces triomphes de Pétrarque allaient connaître un énorme succès partout en Europe où les artistes et écrivains s’emparèrent du sujet. Ce qui intéresse, cependant surtout, les amateurs du Tarot, c'est le fait que chaque poème a donné lieu à une illustration sous forme d’enluminure aux vives couleurs où l'on voit l’allégorie alors triomphante installée sur un char qui n'est pas sans rappeler l'Atout VII : Le Chariot. L'influence des Triomphes de Pétrarque sur la création du Tarot de Marseille possède cependant trois dimensions : d’une part, le terme "triomphe" est adopté par les jeux princiers qui précèdent le Tarot pour désigner les Cartes les plus importantes. Elles changeront de nom et seront désignées sous le nom d'"Atout". D'autre part, le char qui est central dans l'Atout VII, Le Chariot, est traditionnellement interprété comme glorieux, victorieux, éclatant de succès. Enfin le Tarot a retenu ces idées pétrarquisantes de dépassement dans un cheminement de l’âme humaine qui, d’Atout en Atout, s’élève sur un plan moral et spirituel jusqu’à la dernière Carte qui est Le Monde, dans le Tarot de Marseille, et où nous retrouvons la notion d’éternité, c'est-à-dire de dépassement glorieux de la temporalité, même si cet Atout contient bien d'autres idées encore. LES JEUX PRINCIERS À TRIOMPHES Dans ce qui précède le Tarot de Marseille, il y a un type de jeu vraiment très proche au niveau de l’iconographie des cartes : c’est celui des jeux princiers à Triomphes, même si ces derniers n’obéissent pas encore entièrement aux codes du Tarot de Marseille et particulièrement pas à sa structure holistique. À la Renaissance, princes ou ducs se partagent l’Italie qui n’est pas une nation réunie sur un plan politique, même si elle existe en tant qu’espace culturel partageant une langue et une histoire communes. S'il y a un peuple italien, il n’y a pas de royaume d’Italie ou de République d’Italie, mais des duchés et des principautés en plus des terres pontificales. Les princes et ducs italiens ont cependant joué un rôle important dans la bascule du Moyen-Âge à la Renaissance. D’une part, c’étaient des personnes très cultivées et d’autre part, elles aimaient présenter les signes de leur puissance par un mécénat très actif auprès des intellectuels et des artistes. C’est sous leur impulsion que la poésie, la peinture, la sculpture, et l’architecture italiennes prennent leur essor, en s’émancipant aussi de la clôture du sujet religieux dans laquelle ces arts étaient jusqu'alors enfermés. Or, parmi ces signes ostentatoires de la richesse et du pouvoir, il y avait ces jeux princiers qui étaient commandés à des artistes et payés fort cher : les jeux princiers à triomphes. La Force dans le Visconti-Sforza (coll. Colleoni) Parmi ces jeux princiers, les plus célèbres et les mieux conservés sont les jeux Visconti-Sforza qui se trouvent, actuellement, répartis dans différents musées et bibliothèques. Ces jeux préfigurent le Tarot, non seulement dans le choix des Atouts, des Cartes de Cour et des Enseignes, mais surtout parce qu'il met déjà ensemble les trois types de cartes que reprendra le Tarot de Marseille. Nous y trouvons en effet quatre suites de dix cartes numérales, des cartes de cour – les honneurs –, et les triomphes qui donnèrent leur nom au jeu. Les cartes étaient faites en carton, peintes à la main, sur fond d’or, avec des couleurs vives, ressemblent aux enluminures médiévales et présentent des personnages dont les modèles furent sans doute la cour Visconti. Ces jeux princiers en outre ne sont fixés pas les représentations qu’ils proposent des triomphes qui ne cessent de varier, et les cartes ne sont pas non plus numérotées. Ces jeux représentent incontestablement la source principale d’inspiration au Tarot de Marseille, mais ce dernier va s’organiser d'une manière unique en mêlant Nombres, Désignations, Enseignes et place au sein d'une Organisation qui lui sert à distiller un message unique. La Force dans le Visconti-Sforza (Bibliothèque Beineke) Loin d'être fixés dans leurs formes, leur organisation et dans les iconographies, comme le sera le Tarot de Marseille, les trois jeux princiers qui sont parvenus jusqu'à nous et que se partagent les musées et bibliothèques aux USA et Italie – le Visconti de Modrone, le Brambilla, et le Colleoni (appelé aussi Visconti-Sforza) sont souvent très différents les uns des autres, et très différents aussi de ce que mettra en scène le Tarot de Marseille. Le Visconti di Modrone (appelé ainsi pour avoir très longtemps appartenu à la famille Visconti) inclut ainsi les trois Vertus théologales qui n’existent pas dans le Tarot de Marseille. Je vous invite à aller sur Wikipédia qui publie en parallèle les Triomphes des trois jeux qui nous restent. Vous verrez, par exemple, deux interprétations très différentes de La FORCE ; et il en est de même pour la Mort (l’Atout XIII dans le Tarot de Marseille), l'un présente une mort à cheval, l'autre avec un arc qu'on ne retrouve pas dans le Tarot de Marseille où un squelette à pied avance avec une faux. Je vous invite à regarder par exemple comment le Tarot de Marseille a remplacé le vieux Cronos (Le Temps) du Visconti-Sforza par L'HERMITE, distillant de ce fait un tout autre message, ou comment La Tempérance est devenu TEMPÉRANCE avec un ange au lieu d'une femme en train de verser de l'eau, ou encore à quel point ont chanté la représentation de L'ÉTOILE, de LA LUNE ou du SOLEIL. Les messages sont très différents. Vous y découvrirez aussi que les jeux Visconti-Forza avaient des cours beaucoup plus étendues que celles du Tarot de Marseille et qu'il faisait place, systématiquement, à côté des reines et des rois à des couples : les Valets et les Servantes, les Cavaliers et les Cavalières. https://fr.wikipedia.org/wiki/Tarot_Visconti-Sforza LE TAROT DE MARSEILLE ET LA COUR DE MILAN l est très probable que le Tarot de Marseille, tel qu’il existe depuis la Renaissance, soit né en Italie, et plus précisément à Milan, dans la Cour du duc Ludovic Sforz. Ludovic Sforza C’est aussi à cette époque, à la fin du XVe siècle (1496), que Luca Pacioli qui travaillait à la géométrie sacrée rencontre Léonard de Vinci qui s’y trouvait depuis 1482. Ils se lient d’amitié et Léonard de Vinci fait les illustrations du très célèbre La divine proportion de Pacioli. Dans cet ouvrage où s'illustre le projet hermétique de l’élite de la Renaissance italienne, Pacioli traite des proportions mathématiques et du rôle qu’y joue le nombre d’or. Or, c'est ce même nombre d'or et ce sont ses expressions géométriques que met en scène la structure holistique du Tarot de Marseille. Pacioli et de Vinci sont restés à Milan jusqu’à ce que les troupes du roi de France (Louis XII) envahissent la ville en 1499. Ludovic Sforza qui fut fait prisonnier est mort emprisonné en France, avait-il emmené avec lui son jeu de Tarot ? Ou bien est-ce Léonard de Vinci qui a suivi François 1er en 1515 pour vivre dans la petite ville d’Amboise et qui aimait prendre avec lui ses plus belles productions ? Les liens entre Milan et la France étaient tels, alors, qu’il n’a rien d’étonnant dans le fait que cet objet créé par des Italiens, très certainement dans la cour du duc de Milan, et peut-être bien par Luca Pacioli et Léonard de Vinci qui y ont résidé, ait vu ses plus importants développements historiques en France, et non en Italie.

  • LE MONDE , Atout XXI- L'ANIMA MUNDI (accès étudiant)

    LE MONDE du Tarot Conver, Éditions Yves Reynaud

  • LE JUGEMENT, Atout XX (Accès étudiant)

    LE JUGEMENT, Tarot Conver, éd. Y. Reynaud

  • LA ROUE DE FORTUNE - Atout X (accès étudiant)

    LA ROUE DE FORTUNE, Conver, Éditions Y. Reynaud

  • LE BATELEUR, ATOUT I (accès libre)

    LE BATELEUR DU Tarot Conver, Éditions Yves Reynaud LES CARACTÉRISTIQUES PRINCIPALES DU BATELEUR Du point de vue de l'iconographie, LE BATELEUR se présente comme un jeune homme, bien habillé, aux chaussures et à la chevelure jaunes ou dorés. Sur la tête, un grand chapeau en forme de lemniscate (symbole mathématique de l'infini). Il se tient jambes écartées, tête penchée à gauche et tient dans la main gauche une sphère et dans la main droite une baguette. Il y a devant lui, une table à trois pieds, avec par-dessus, une foule de petits objets - des jouets - : gobelets, poignards et piécettes. Le paysage est naturel. Entre les jambes du BATELEUR, un petit arbuste ou une plante grasse. Du point de vue du Nombre, LE BATELEUR relève du Nombre I. Il appartient de ce fait à la première Verticale, celle des I qui le lie à L'AMOUREUX, LA FORCE et LA MAISON DIEU, mais aussi au MONDE. Du point de vue de sa Désignation, LE BATELEUR signale qu'il relève du démonstratif, de la magie, magie d'apparence au moins, et peut-être du mensonge. LE BATELEUR et LE JUGEMENT, Atouts complémentaires Au sein de l'Organisation holistique du Tarot, LE BATELEUR et LE JUGEMENT encadrent l'ensemble des quatre Mains et cinq Verticales du Tarot : LE BATELEUR est au tout commencement, LE JUGEMENT à la toute fin de l'aventure que représente cet ensemble d'Atouts qui forme une Structure en quatre Mains et cinq Verticales. Cet Atout I qu'est LE BATELEUR est en relation de complémentarité avec LE JUGEMENT, l'Atout XX : I + XX = XXI. L'Atout I, LE BATELEUR, se situe au commencement absolu de la Structure en 4x5 des Atouts : il démarre la première Main du Tarot tout comme la Verticale des I. L'Atout XX, LE JUGEMENT, est le dernier Atout de la quatrième et dernière Main, tout comme l'Atout le plus élevé de la cinquième et dernière Verticale. LE PETIT DANS LE JEU DE TAROT ET LA SYMBOLIQUE DE LA TABLE LE BATELEUR du Tarot Camoin-Jodorowsky LE BATELEUR ou Atout I est appelé "le Petit" par les joueurs. C'est le plus faible des Atouts, et en même temps, c'est celui que le jeu destine à la posture du héros : lorsque son camp parvient à l'emmener jusqu'au bout, c'est-à-dire jusqu'au dernier pli, il remporte une prime. LE BATELEUR n'incarne pas l'énergie du commencement qui est le propre du MAT. Il est le commencement : alors que l'iconographie du MAT exprime le plus grand désordre, LE BATELEUR est déjà ordonné, bien vêtu. Il appartient à l'Âme divine. Il en est l'essence. Incarnant la jeunesse, il est habituellement aussi interprété comme l'enfant du Tarot. Comme le remarquait Alejandro Jodorowsky, il y a, entre les pieds du BATELEUR, comme une plante grasse qui peut faire penser à un vagin de femme : LE BATELEUR vient donc de naître. La table qui se trouve devant LE BATELEUR est rarement saisie dans sa signification symbolique. Pourtant, elle rejoint cette idée de naissance. La Table est en effet une des images importantes de la symbolique onirique. Georges Romey, le grand compilateur des symboles qu'il a récolté lors des cures en REL ( Rêve Éveillé Libre) dont il fut le créateur et le promoteur, explique dans le Dictionnaire de la symbolique des rêves, que la table n'est pas, dans les rêves, un objet mais un lieu. C'est, dit-il, "un lieu intérieur ", " un lieu d'intimité " et un lieu d'intimité qui fait référence à la petite enfance qui fait suite à la naissance : " Étroitement associée à la cheminée, à l'âtre, au foyer, elle (la table) n'est pas un substitut du ventre maternel, elle est un prolongement de ce dernier ". La Table est la matrice de l'existence concrète. Elle symbolise ce que LE BATELEUR a reçu dans son héritage patrimonial en termes de potentialités. Sur la table se trouvent des symboles miniatures des quatre Couleurs du Tarot et LE BATELEUR s'est déjà emparé de certains objets. Ces objets ne sont pas sans significations. Ils rappellent, en petit, les quatre Couleurs du Tarot. Des gobelets représentent les Coupes en petits, les poignards et couteaux les Épées en petit, des sphères ou pièces de monnaie font référence aux Deniers et, dans sa main droite, il tient un court Bâton qui, bien sûr, fait référence à la Couleur de Bâton. Beaucoup de taromanciens voient, dans ces enseignes du Tarot en miniature, des jouets qui permettent à l'enfant d'apprivoiser les symboles du déploiement de la vie adulte. Elles ont surtout pour rôle de rassembler, dans l'Atout I, l'ensemble du Tarot : LE BATELEUR se caractérise par le fait qu'il a devant lui tous les possibles. Rien, à ce stade, ne l'arrête ni rien n'est décidé. Il a tout en lui pour aller au bout de sa réalisation, mais sur forme seulement de potentiel. Que fera-t-il de tout ce potentiel ? À ce stade, nul ne le sait. LE BATELEUR est le symbole de ce potentiel que contient le Petit du Tarot. LE BATELEUR INCARNE LA FORCE CRÉATRICE ET SPIRITUELLE DU NOUVEAU En tant que symbole exprimant le Nouveau, LE BATELEUR remet de la vie vivante dans ce qui existe. D'où l'importance de la Couleur verte qui accompagne jambes, bras et coiffe en lemniscate.  Gitta Mallasz dans Dites-moi  sur RTBF, 19 juin 1989 Dans les Dialogues avec l'ange que Gitta Mallazs a recueilli pendant la Seconde Guerre mondiale - issus d'une expérience de médiumnité unique au monde -, les paroles angéliques sont est en accord profond avec l'hermétisme. Il est dès lors toujours utile aux tarologues de lire ces Dialogues, car s'y trouve l'essence de ce que les créateurs du Tarot ont transmis, à travers ces images, ces Nombres et ces relations holistiques qu'est le Tarot, en pleine Renaissance italienne. C'est l'Ange de Lili qui parle le 17 septembre 1943 : "Dans ton travail, quitte l'ancien !/ Cherche le tout nouveau,(...) COMMENCE TON TRAVAIL/ COMME SI TU NE L'AVAIS JAMAIS FAIT !". Le 24 septembre, le même ange revient sur cette idée qui, en réalité, va courir à peu près tous les dialogues : "Ce qui est certain, c'est la mort./ Le nouveau est toujours incertain./ (...) Un tout petit Nouveau est plus que tout l'ancien. (...) LE PETIT NOUVEAU :/ LE GRAIN DU ROYAUME DE DIEU EN TOI." Que signifie cette parole angélique ? Qu'est-ce qu'ont voulu exprimer les créateurs du Tarot par ce Nombre I ? Le Nouveau contient en lui la puissance créatrice. Le nouveau-né dans le monde animal, le renouveau printanier dans le monde végétal manifeste l'Information divine qui, toujours, dans l'ancien du monde matériel, finit par se perdre. D'où la nécessité des cycles de la nature qui régulièrement remettent les pendules à l'heure du temps zéro, du commencement, de l'information dans sa perfection. Dans le monde humain, le nouveau est la production de l'intention et de la conscience attentive. L'ancien, l'habituel, le déjà connu se répètent quasiment sans effort, mais parce que tout ce qui existe dans le monde matériel subit la nature chaotique de la matière, ils finissent par se dégrader. Dans la répétition automatique née des moeurs, de l'habitude, la temporalité est celle du temps dégradatif, comme l'explique Platon dans le Timée, oeuvre qui a beaucoup inspiré aussi bien les hermétistes antiques que ceux de la Renaissance. LE NOMBRE I CONTIENT EN LUI TOUT LE POTENTIEL DU GRAND SOI (LA LEMNISCATE) Le Nombre I est tout petit. C'est l'unité minimale. Et pour les joueurs, l'Atout I, LE BATELEUR est le moins puissant de tous. Il en est de même pour les As, la plus petite Carte numérale. Et en même temps, le Nombre I se trouve terminer le XXI, l'Atout le plus puissant. Et les As ont une iconographie qui manifeste la plus grande puissance. Ils sont plus puissants que les Rois dans le jeu de Bataille par exemple. Ce sont d'excellents candidats pour former le Cinquième Honneur, à la droite du Roi, sous l'influence et la maîtrise du PAPE, celui qui marque le territoire du sacré. D'où la coiffe du BATELEUR en forme de lemniscate. C'est le symbole de l'infini du fait que le mouvement qui passe d'une boucle à l'autre n'a aucune raison de s'arrêter. Sur le Centre de la lemniscate repose le I, ce point minuscule qui fait la liaison entre la gauche et la droite, entre le passé et l'avenir, le féminin et le masculin, la Terre et le Ciel. Dans le Nombre I se trouve l'idée d'une Unité radicale, d'un Soi qui ne peut jamais se perdre, d'une singularité d'être qui signe l'unité de chacun et qui a la puissance de réconcilier les contraires. Dans LE BATELEUR est contenu - en potentialité - la totalité de l'aventure humaine : il incarne le petit Soi qui est destiné à devenir le grand Soi qu'est LE MONDE. LA PLACE DU NOMBRE I ET LE PANTHÉISME DES HERMÉTISTES DE LA RENAISSANCE Pour lire la suite, c'est ici .

  • LE DIABLE-Atout XV (Accès étudiant)

    Tarot Conver, Éditions Y. Reynaud

  • RÉSOUDRE LES ÉNIGMES QUE POSE LE MAT (Accès libre)

    LE MAT, Tarot Conver, Édition Y. Reynaud LES DIFFÉRENTES ÉNIGMES QUE CONTIENT CET ATOUT DU COMMENCEMENT LE MAT contient un certain nombre d'énigmes qu'il s'agit de résoudre si l'on veut comprendre le message qu'il délivre et comment il s'insère dans l'Organisation holistique du Tarot de Marseille. -La première énigme, la plus aisément résolue, mais aussi celle qui a conduit à de graves erreurs sur les résolutions qu'on a tenté d'en faire, réside dans l'absence de Nombre. LE MAT, contrairement aux autres Atouts, n'est pas nombré en haut de la Carte qui comporte dès lors un espace vide. -La seconde énigme que contient cet Atout, c'est ce nom de MAT : que signifie-t-il ? Est-il un terme qui vient du jeu d'échecs quand la mort du Roi est annoncée par cette expression : "Échec et Mat" ? Ou bien vient-il de l'italien et du terme "matto" qui renvoie à la folie ? -La troisième énigme réside dans la posture et le corps en mouvement du MAT. Tout semble à l'envers dans cette figure : le bras qui tient le baluchon est le mauvais bras, ce qui fait que le pauvre homme doit avoir bien du mal à le tenir. Le coude du bras droit est tourné à l'envers, vers le devant et non vers le derrière comme c'est le cas dans l'anatomie humaine. -La quatrième énigme porte sur ce qui relève de la chair, du vêtement et de la coiffure de cet étrange personnage. Si la couleur chair est bien située au niveau des bras et des mains, que se passe-t-il au niveau des jambes ? On a presque l'impression que l'animal qui se tient sur la jambe droite à déchiré le vêtement du MAT pour révéler la chair qui est dessous, sauf que la couleur de la chair et celle du vêtement sont inversées. Pour la coiffure, on a la même incertitude sur ce qui relève d'une coiffe ou des cheveux. La frontière n'est pas nette entre les deux réalités. -La cinquième énigme réside précisément dans cet animal qui se dresse sur la jambe du MAT. De quel animal s'agit-il ? D'un chat ? D'un chien ? S'agit-il d'un compagnon de vie du MAT ou bien au contraire est-il poursuivi par un animal désireux de le mordre ? L'ABSENCE DE NOMBRE AUTORISE-T-ELLE À ATTRIBUER LE NOMBRE VINGT-DEUX AU MAT ? De nombreux taromanciens, et non des moindres, pensent que LE MAT a pour Nombre le XXII. C'est le cas par exemple de Kris Hadar dont nous avons scanné la page, mais aussi de Bruno de Nys ou de Georges Colleuil, l'inventeur du Référentiel de naissance. Présentation du MAT par Kris Hadar dans Le Grand Livre du Tarot . Cette attribution du Nombre XXII au MAT est étrange, car bien qu'elle soit collective, sans toutefois être générale, il n'y a rien a priori qui nous y autorise. L'absence de Nombre dans l'étiquette du haut de la Carte du MAT est en réalité imposée par le choix de l'écriture des Nombres en chiffres romains, dans le Tarot. Le Nombre zéro n'existant pas en chiffres romains, les créateurs du Tarot de Marseille n'ont donc pu inscrire cette notion de zéro ou de néant que par l'absence de Nombre. En revanche, le Nombre XXII ne connaît aucune difficulté d'écriture. Il est donc surprenant que les taromanciens soient allés chercher un Nombre XXII là où rien n'est écrit. L'iconographie comparée du MAT et du MONDE ne permet pas non plus de penser que LE MAT puisse être supérieur au MONDE en puissance, ce qu'indique toujours un Nombre plus grand : d'un côté, on a un personnage où rien ne semble à sa juste place, ni dans la posture du personnage, ni dans sa coiffure, ou sa vêture ; de l'autre, tout est à sa juste place, ce qui ne conduit pas, dans LE MONDE, à une situation corporelle figée, bien au contraire, tout est grâce dans le mouvement de la Danseuse. On est bien là à deux extrêmes d'une situation humaine avec une sorte de chaos originel et un ordonnancement parfait. Il ne s'agit donc pas d'un MONDE qui ferait un pas supplémentaire vers le désordre et la folie mais un commencement qui se présente avec LE MAT et qui de degré en degré s'élève jusqu'à l'Ordre cosmique parfait représenté par LE MONDE. On ne va pas du XXI au XXII, mais du zéro au XXI. D'OÙ VIENT CETTE ÉTRANGE ATTRIBUTION DU NOMBRE XXII AU MAT ? Encore une fois, tout démarre avec Court de Gébelin qui, bien que reconnaissant, au MAT, l'attribution du Nombre zéro, signale néanmoins qu'on le place après LE MONDE, invitant par là même à une transformation du zéro en XXII. Voici, en effet, ce que dit l'auteur du Monde primitif : « N° 0, Zéro. /LE FOU. /On ne peur méconnaître le Fou dans cette Carte, à la marotte et au hoqueton garni de coquillages et de sonnettes : il marche très vite, comme un fou qu’il est, portant derrière lui son petit paquet, et s'imaginant échapper par là à un Tigre qui lui mord la croupe : quant au sac, il est l’emblème de ses fautes qu’il ne voudrait pas voir ; et ce Tigre, celui des remords qui le suivent galopant, et qui sautent en croupe derrière lui. / (…) / Quant à cet Atout, nous l’appelons Zéro, quoiqu’on le place dans le jeu après le XXI, parce qu’il ne compte point quand il est seul, et qu’il n’a de valeur que celle qu’il donne aux autres, précisément comme notre zéro : montrant ainsi que rien n’existe dans la folie. » À quoi renvoie le pronom indéterminé "on" ? S'agit-il d'une règle des joueurs ? L'explication que donne Court de Gébelin à ce placement aurait cependant dû préserver les amateurs du Tarot de lui donner la valeur du Nombre XXII. Si on le place ainsi, après le XXI, affirme-t-il, c'est parce qu'il est de Nombre zéro qui n'a de valeur que celle qu'il accorde aux Atouts derrière lesquels il se place. Avec Éliphas Lévi qui veut à tout prix voir dans le Tarot un Livre diffusant la mystique de la Cabale, LE MAT obtient une place nouvelle : la vingt-et-unième, avant LE MONDE qui, malgré l'inscription de son Nombre XXI, obtient une valeur de XXII. Éliphas Lévi assimile les vingt-deux Atouts aux vingt-deux lettres de l'alphabet hébraïque. Or, l'idée du Fou existe dans cet alphabet même s'il tient, en tant que lettre Shin, la vingt-et-unième place et non la vingt-deuxième. L'occultiste est donc obligé de déplacer LE MONDE à la vingt-deuxième place. Voici comment Éliphas Lévi se sort de cet imbroglio : "La vingt-deuxième clef, qui porte le nombre 21 parce que le qui qui la précède dans l'ordre cabalistique ne porte point de numéro, représente une jeune divinité légèrement voilée et courant dans une couronne fleurissante supportée aux quatre coins par les quatre animaux de la cabale." LE FOU, Tarot d'O. Wirth Notons à propos de ce lien entre les Nombres et les lettres de la cabale auquel se réfère Annick de Souzenelle dans La Lettre, chemin de vie, le symbolisme des Lettres hébraïques , la lettre Sin a pour valeur arithmologique le 300 et non le 21. Notons aussi que la tradition à laquelle se sont rattachés les créateurs du Tarot de Marseille n'est pas la cabale qui descend du gnosticisme mais l'hermétisme. Cette référence à la cabale a conduit à des modifications du Tarot qui nous éloignent toujours plus du message authentique qui s'y trouve contenu et qui est de nature hermétique. Dans sa tentative pour rapprocher le Tarot et la Cabale et pour faire coïncider les Atouts et les Lettres hébraïques, Éliphas Lévi n'a cependant pas fait du MAT un vingt-deuxième Atout. Il le place, sans nombre, à la vingt-et-unième place, et donne la valeur vingt-deux au MONDE. C'est aussi ainsi qu'Oswald Wirth présentera son Tarot écrivant le Shin à la droite de la désignation du MAT, rebaptisé LE FOU. À un moment donné, et au cours du XXe siècle seulement, LE MAT est arrivé à la vingt-deuxième place au sein des Atouts. La raison d'un tel renombrement est sans doute à l'entrée de la numérologie dans l'univers du Tarot. Georges Colleuil tenant en main son Référentiel de Naissance. Au cours des années 1980, des auteurs comme Georges Colleuil et Bruno de Nys ont eu besoin de donner un nombre autre que le zéro au MAT, du fait de leur usage du Tarot qui impliquait des additions de Nombres et la révélation de Nombres cachés. Bruno de Nys fonde, ainsi, son interprétation des tirages du Tarot sur le tirage de deux Atouts, l'addition de leur Nombre conduisant à ce qu'il appelle "un Arcane occulte". L'addition du zéro annulant toute addition le rendait absurde à l'intérieur de cette vision du Tarot. Georges Colleuil qui travaille sur la date de naissance et leur relation avec les Atouts du Tarot fait, de même, des additions pour déterminer 13 maisons où la totalité des activités humaines est censée se refléter. Personne ne naissant un jour zéro, LE MAT devait bien aller chercher son Nombre après le XXI. Tout ceci a beau être l'objet d'un engouement du public, et engendrer d'intéressantes interprétations de la part de ces taromanciens, nous sommes là partis très loin du Tarot originel et des intentions de ses créateurs. Car le Tarot n'a jamais été conçu comme un objet divinatoire dont il faudrait débusquer les clés à travers de compliqués calculs numérologiques. C'est un magnifique Livre en image de la vision hermétique qu'avaient acquise les membres de l'élite de la Renaissance italienne et qu'elle entendait transmettre à la postérité sans risquer les foudres de l'Inquisition. Heureusement, de nombreux amateurs du Tarot ont gardé la symbolique du Nombre zéro dans leur interprétation du MAT. C'est ce que fit le Rider, malgré la transformation qu'il opéra de son iconographie, de son sens, et de la place qu'il occupe, selon Arthur Edward Waite, au sein de la suite des Atouts, puisque ce dernier le place, à la vingt-et-unième place, conformément aux assertions d'Éliphas Lévi. LE FOU du Rider a beau apparaître comme un personnage très élevé, qui se tient, au bord d'une falaise, entre Ciel et Terre, ressembler à un beau troubadour, et être accompagné d'un petit chien blanc amical, il a au moins le mérite d'être nombré par un zéro. L'ÉNIGME DE LA DÉSIGNATION : LE MAT, ET SA RÉSOLUTION PAR L'HISTOIRE DU TAROT Le nom de "MAT" a fait couler beaucoup d'encre. Beaucoup de taromanciens évoquent l'usage de ce terme dans le jeu des échecs. Selon l'historien Henry Davidson de l'origine de l'expression "échec et mat" au moment où le roi de l'adversaire est cerné : ce terme dériverait de l'expression persane " sâh mât " : le roi est confondu, estomaqué, surpris au sens militaire du terme, c'est-à-dire cerné par des troupes ennemies alors qu'il se croyait tranquille. Plus tard, l'expression s'est arabisée en " as-sâh-mâta " : "le roi est mort". Quel rapport avec l'iconographie ou la place du MAT dans l'Organisation holistique du Tarot de Marseille ? LE MAT du Tarot Camoin-Jodorowsky LE MAT présente un personnage qui ne semble poursuivi par aucune troupe ennemie, qui avance à grands pas, qui tient un bâton rouge sang et qui est chaussé de chaussures tout aussi rouges, symbolisant une importante circulation d'énergie vitale. Toutes les spéculations sur le sens du MAT viennent en réalité de ce que, malgré les efforts des historiens, les taromanciens ne tiennent pas suffisamment compte du contexte historique de sa création. Le Tarot a été créé en pleine Renaissance italienne. C'est donc du côté de la langue italienne qu'il faut se tourner pour comprendre le sens de ce terme. La désignation : "LE MAT" est un raccourci et une francisation du terme italien "matto" qui renvoie non seulement à la folie, mais aussi à l'excentricité, et à la passion, dans ce qu'elle a de démesuré et de déstabilisant. "Il matto" renvoie aussi, chez les joueurs de poker italien, au Joker, confirmant si besoin était l'enracinement de ce personnage dans l'imaginaire du Tarot originel. Au demeurant, de nombreux Cartiers ont transformé le terme de MAT pour lui substituer celui de FOL ou de FOU. C'est ce que fit le Rider par exemple qui redésigna LE MAT en The Fool. Cette désignation du MAT et sa signification de folie sont bien en relation avec l'iconographie du MAT où tout semble à l'envers. La folie est en effet une forme de chaos psychique qui se traduit bien dans la vêture du personnage, dans sa coiffure, et dans sa posture corporelle. C'est peut-être aussi le sens de cet animal qui poursuit LE MAT. Tout ceci nous emmène sur le chemin d'une résolution des autres énigmes du MAT. QUE SIGNIFIENT CES INVERSIONS DE COULEUR, DE POSTURE ET DE RELATION ENTRE LE CORPS ET LE VÊTEMENT DU MAT ? Rien n'est à sa place, dans LE MAT. C'est l'idée générale qui ressort de son iconographie. Le coude est tourné à l'envers, le bras qui tient le baluchon n'est pas le bon, les vêtements et la chair semblent inverser leurs couleurs. Manifestement LE MAT est un excentrique : il a perdu le centre de son être, et ce faisant, il ne sait pas qui il est, ni ce qu'il fait. LE FOL du Tarot Jean Dodal (1701-1715) C'est le sens de cette inversion entre les couleurs de la chair et celles des vêtements : les vêtements correspondent à ce que Jung appelle "la Persona", l'identification plus ou moins prononcée au rôle social, au masque que chacun porte quand il oeuvre, professionnellement par exemple. La chair représente la partie la plus fondamentalement sienne : le Soi. Le fait que les couleurs soient inversées montre que LE MAT ne sait plus faire la différence entre ce qu'il est vraiment qui est symbolisé par la chair et ce qu'il endosse comme rôle social et qui est symbolisé par le vêtement. Il inverse les deux choses. Son identification au rôle qu'il joue peut être si poussée, qu'il ne sait plus qui il est vraiment. Il est excentrique parce qu'excentré, situé à distance de lui-même, et là où il ne devrait être qu'en apparence et en le sachant. LE MAT n'a jamais appris à savoir qui il est. Il souffre de ce que Winnicott appelle un " faux self ". Pour Winnicott, la construction du faux self s'établit dans la toute petite enfance, quand l'enfant comprend qu'il n'a pas le droit de vivre son rythme propre, et suivre ses besoins naturels, mais doit satisfaire le rythme de sa mère et obéir, dans la satisfaction de ses besoins, aux injonctions maternelles. D'où la signification de "folie" qui est bien celle du MAT. C'est quelqu'un qui n'a jamais eu l'occasion de s'ordonner intérieurement autour d'un Soi-même clairement identifié. C'est aussi le sens symbolique des inversions de posture (le bras qui tient le baluchon place ce dernier sur la mauvaise épaule) et de parties du corps (le coude qui se plie vers l'avant). Les inversions corporelles symbolisent ce qui, dans le psychisme, n'est pas en place ou à sa juste place. Il peut ainsi y avoir une inversion des parties féminines et masculines du psychisme du fait de modèles inversés au sein de la situation familiale. Nous verrons cependant qu'en relation avec l'Organisation holistique du Tarot de Marseille, cette situation chaotique fait surtout référence à autre chose : LE MAT symbolise la materia prima d'avant la Création, d'avant son information par les archétypes divins et dont l'essence est le chaos. LE MAT représente l'autre partie du divin, issue des Ténèbres originelles quand elles se sont dissociées de la Lumière. D'où sa position de complémentarité avec LE MONDE qui est, au contraire, l'image archétypale de l'Âme divine sous sa forme anthropomorphique. Pour aller plus loin dans la connaissance de la doctrine hermétique qui a fondé l'existence même du Tarot, nous vous invitons à lire la présentation du MAT au sein des Atouts, ici . LA DERNIÈRE ÉNIGME DU MAT : QUEL EST CET ANIMAL QUI SE TROUVE PRÈS DE LUI ? EST-IL AMICAL OU AGRESSIF ? LE MAT de Bruno de Nys, avec un chien clairement tigré Nous venons de voir que pour Court de Gébelin, cet animal était un tigre que fuyait LE MAT mais qui le pourchassait au point de le mettre en danger. Le Rider en fait un petit chien blanc amical. Oswald Wirth y voit un chat très agressif qui mord le mollet du FOU. Nous ne prétendons pas résoudre totalement cette énigme, mais bien d'apporter quelques éléments essentiels à sa résolution. Dans la symbolique onirique mise en lumière par le travail thérapeutique de Georges Romey, le chien symbolise le besoin d'ordre, de repères clairs, l'attachement aux structures existantes. Le chien est conservateur. Le chat est au contraire le symbole de la flexibilité psychique. Le Tigre toujours cruel, de son côté, parle de pulsions sadiques. Le fait que l'animal ne soit pas reconnaissable clairement et que le spectateur de la Carte tend à projeter sur lui ce qui vient du fond de son être nous conduit à accepter une signification générale bien en accord avec l'ensemble de la Carte : LE MAT est poursuivi par des pulsions féroces, qui l'assaillent, qui le font avancer à grand pas, comme un fou, sans trop savoir ce qu'il fait ou vers quoi il va, sur le chemin de sa vie. Pour aller plus loin et découvrir les significations générales du MAT, c'est ici .

  • Atout VIIII-L'HERMITE (Accès étudiant)

    L'HERMITE (Tarot Conver, éditions Y. Reynaud)

  • L'HERMITE-Atout VIIII (accès libre)

    L'HERMITE (Tarot Conver, éditions Y. Reynaud) LES CARACTÉRISTIQUES DE L'HERMITE L'HERMITE est un vieil homme en chemin qui tient, haut, sa lanterne pour l'éclairer. Il représente l'Atout le plus âgé du Tarot, à l'exception peut-être de LA PAPESSE dont on dirait plutôt qu'elle est sans âge, à la fois vieille et jeune. La barbe de L'HERMITE est double, symbole de sagesse, elle appartient à ceux qui éclairent l'humanité sur le sens de la vie, sur le bien et le mal. Il est entièrement tourné vers la gauche et dès lors semble s'être arrêté sur son chemin, et s'être retourné ? Que cherche-t-il en levant ainsi sa lanterne ? L'HERMITE tient un bâton rouge ondulé. Vêtu d'une houppelande et possédant un bâton de marche, L'HERMITE est un pèlerin. Le sol de L'HERMITE est doré et ondulé. L'HERMITE a une désignation qui interpelle : l'écriture de L'HERMITE démarre avec un "H". Quel est le sens d'une telle écriture ? L'HERMITE appartient à la Verticale des IIII : il représente un type d'homme - le Vieux Sage - qui incarne un des plus importants aspects de la mâlitude sacrée. L'HERMITE a pour Atout complémentaire LE PENDU et forme avec le couple LE CHARIOT-TEMPÉRANCE une croix de complémentaire où les fils rencontrent des modèles adoucis de pères. L'ÉNIGME DE SA DÉSIGNATION RÉSOLUE : IL S'AGIT MOINS D'UN ERMITE QUE D'UN HERMÉTISTE Le  manuscrit du Corpus Hermeticum traduit par M. Ficin L'écriture de la désignation de L'HERMITE démarre avec un "H" qui interpelle : pourquoi ce qui semble, dans l'iconographie, un pèlerin, ne s'appelle-t-il pas tout simplement pas "un ermite" ? Pourquoi ce H ? Tout simplement parce que les créateurs du Tarot de Marseille ont ainsi prévenu leur public : il ne s'agit pas d'un ermite, mais d'un hermétiste. Mais pourquoi, dans ce cas, ne pas écrire "hermétiste" ? On ne peut répondre à cette question sans replacer la création du Tarot dans son contexte historique : l'hermétisme que redécouvrait l'élite de la Renaissance italienne et qui a inspiré la création du Tarot dit traditionnellement de Marseille mais qu'on devrait appeler "de Milan", n'était pas en odeur de sainteté auprès de l'Église de Rome. Sa police et son tribunal religieux qu'était alors l'Inquisition n'admettaient pas de représentation rivale du réel, surtout pas une interprétation devenue aussi fascinante pour cette élite qui, depuis l'arrivée du Corpus Hermeticum à Florence et sa traduction latine par Marsile Ficin, avait adhéré en force à cette doctrine venue de l'antique Alexandrie. C'est donc de manière cryptée et à destination d'un public éclairé, que l'hermétiste du Tarot s'est désigné L'HERMITE par une sorte de jeu de mots entre l'ermite du désert, le saint ascète qui avait sa place depuis le début du Moyen Âge dans l'imaginaire chrétien, et l'hermétiste, ce sage philosophe à la doctrine fondé sur un panthéisme qui heurtait directement la vision théologique de la chrétienté, car cette dernière était fondée sur la transcendance absolue du divin à l'égard de la Création. Ce n'est donc pas par une sorte de coquille que le mot "L'HERMITE" a pris un "H", ni par une de ces coquetteries archaïques d'un langage encore peu stable, parce que le mot "ermite" vient du grec " erêmitês " qui a donné en langue française le terme "érémitisme" : ce mode de vie solitaire, celui de qui vit loin de ses semblables, dans le désert, la montagne ou la forêt. Le terme grec " erêmos ", le désert, avait en effet donné le terme "erêmitês" pour désigner les premiers grands saints ermites de la religion chrétienne qui partaient loin des villages et des villes, souvent dans le désert, pour y vivre une vie de mystique qu'on appelle de ce fait "érémitique". L'HERMITE du Tarot n'est pas un ermite au sens où il développerait une mystique d'une ascèse rigoriste, avec pratique de la chasteté, du végétarisme, d'une diète radicale, et de l'isolement drastique loin de ses semblables. C'est un hermétiste, un philosophe qui adhère à la philosophie alexandrine qui représente une synthèse entre la métaphysique égyptienne et la philosophie grecque. De plus les saints ermites du Moyen Âge étaient fortement sous l'influence du rejet de la chair, du corps, de la matière du gnosticisme antique, même si l'Église de Rome était loin d'adhérer à la totalité de la doctrine gnostique. Or, le gnosticisme était un courant de pensée et de spiritualité qui était à l'opposé de la doctrine hermétique qui inspire au contraire le Tarot de Marseille. L'HERMITE du Tarot, de ce point de vue là, tient bien plus de Socrate et de l'ensemble des philosophes antiques, tout particulièrement de Platon, que des esséniens et des Pères du désert du début de l'ère chrétienne parmi lesquels on trouve Antoine le Grand, Macaire le grand, Poémen, Évagre le Pontique, etc. Vous pouvez, si vous le souhaitez, approfondir ici  la présentation de cette rivalité qu'il y a eu, dans l'Antiquité entre gnosticisme et hermétisme et comprendre pourquoi le Tarot de Marseille qui découle d'une tradition qui en aucun cas valorise le renoncement à la chair propre à la gnose éternelle a mis un H dans la désignation de L'HERMITE qui est un hermétiste et non un saint ermite du désert. L'HERMITE PAR SA POSTURE MONTRE QU'IL N'EST PAS UN SOLITAIRE MAIS UN GUIDE SPIRITUEL, UN HERMÉTISTE ÉCLAIRANT   À cause de ce mot "ermite", la dimension solitaire du VIIIIe Atout est souvent mise en avant par les taromanciens. Sans aller jusqu'à nier complètement cette dimension, car le travail sur soi qu'a fait L'HERMITE dans le passé ne peut être entrepris que solitairement, puisque c'est un travail de l'âme, il n'empêche qu'il possède une dimension altruiste de cet Atout y est beaucoup plus importante. Car le temps de L'HERMITE n'est pas celui de l'ermitage, mais celui de la transmission. C'est le sens de la posture de L'HERMITE : il est certes en chemin, mais il n'avance plus. La ligne du temps est toujours représentée en Occident comme une avancée de gauche à droite, sans doute parce que c'est ainsi qu'on écrit. L'hermite n'avance pas à reculons comme certains taromanciens ont pu l'affirmer. Il s'est momentanément arrêté pour éclairer ceux qui le suivent. L'Hermite s'est arrêté, retourné en arrière; et il lève haut sa lanterne. C'est un phare humain dans la nuit où se trouvent les autres. L'HERMITE qui n'est pas un solitaire, mais un guide transmet ce savoir venu d'Hermès et qui seul donne son sens à la vie humaine. L'hermétisme, en particulier, guérit la spiritualité humaine de la tentation gnostique que représente la transcendance. Tel est le sens profond de son enseignement : c'est l'enseignement de la profonde immanence divine. L'HERMITE est donc un sage qui redonne foi dans le devenir corporel et spirituel de l'humanité, quand il ne s'agit pas de se défaire d'une des deux dimensions, mais d'en garantir l'union quasi matrimoniale. LA PRUDENTIA DE L'HERMITE Pour aller plus loin... C'est ici .

  • LE SOLEIL, Atout XVIII (accès étudiant)

    LE SOLEIL, Tarot Conver, éditions Y. Reynaud

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