Résultats de recherche
55 résultats trouvés avec une recherche vide
- FORMATION À L'ORGANISATION HOLISTIQUE DU TAROT DE MARSEILLE
LES MODALITÉS DE LA FORMATION La formation se fait en plusieurs modules par visioconférence. Le 1er module peut être abordé en accéléré (Module 1'). Les modules 1, 2, 3, 4 sont abordés successivement. Seul le module 5 peut être suivi en parfaite autonomie. Le premier module (ou Module 1') porte sur l'histoire et l'Organisation holistique du Tarot de Marseille sous sa forme générale. Le second module porte sur les quatre Mains du Tarot. Le troisième module porte sur les Verticales et les Croix de complémentaires du Tarot (le Chrisme), ainsi que les deux Voies initiatiques du Tarot. Le quatrième module porte sur les quatre Cours et les Cartes numérales. Le cinquième module porte sur la philosophie hermétique LES FORMATIONS ONT LIEU TOUS LES MERCREDI DE 18h00 à 19h00. Prochaines formations au 1er Module : 20 août 2025 LES TARIFS : 30 euros de l’heure en collectif (à partir de 5) 50 euros de l’heure en petit collectif (de 2 à 4) 100 euros de l’heure en cours particulier
- TEMPÉRANCE-XIIII (Accès étudiant)
Tarot Conver, Éditions Y. Reynaud
- LE PAPE, Atout V (accès libre)
LE PAPE du Tarot Conver, Éditions Yves Reynaud LES CARACTÉRISTIQUES DU PAPE LE PAPE est le premier Atout collectif du Tarot : il se tient devant un ensemble d'au moins trois personnes. Le corps du PAPE est immense au regard des personnes qui se tiennent devant lui : il apparaît comme l'adulte, face à un parterre d'enfants, mais bien sûr nous sommes aussi là dans un ordre symbolique. De la main droite, LE PAPE tient une Croix à trois branches, symbole de son pouvoir spirituel. De la main gauche, il montre la droite. Son regard est aussi orienté vers la droite. La Coiffe du Pape contient quatre Couronnes. Derrière LE PAPE, deux colonnes bleues. LE PAPE appartient à la Verticale des V qu'il inaugure où il est surplombé par LA ROUE DE FORTUNE où se trouve la Sphinge, LE DIABLE puis LE JUGEMENT et son ange claironnant. L'Atout complémentaire du PAPE est LA MAISON DIEU et il appartient à une Croix de Complémentaire où est un jeu un autre couple d'Atouts Complémentaires : LE BATELEUR et LE JUGEMENT. Cette Croix de Complémentaire contient en elle la totalité de l'Arbre tarologique. LE NOM DU PAPE C'est un terme qui vient du grec PAPPAS, "papa" qui est une interlocution marquée de respect et d'affection des chrétiens des premiers siècles qui est émise en direction de tous les évêques. Dans un second temps, ce terme est devenu la désignation exclusive du chef de l'Église de Rome. Si le Tarot utilise ces termes "LA PAPESSE" et "LE PAPE" au lieu de "LA GRANDE PRÊTRESSE" et "LE GRAND PRÊTRE" qu'aurait voulu Court de Gébelin ou encore " LA GRANDE PRÊTRESSE" et "LE HIÉROPHANTE" du Rider, c'est précisément en raison d'une polysémie porteuse de sens : LE PAPE et LA PAPESSE sont des Atouts de la première Main, et en tant que tels ils sont autant un couple de sacrificateurs à la fonction sacerdotale encadrant le couple impérial que des expressions archétypales particulières de la parentalité féminine et masculine, et pour ce dernier cas, au même titre, mais dans un autre sens, que ce que désignent aussi les Atouts III et IIII. Car, de même qu'il y a deux types de mères archétypales dans la famille humaine, incarnés par d'une part LA PAPESSE, la mère fusionnelle, et d'autre part L'IMPÉRATRICE, la mère de la relation triangulaire, il y a deux types de pères que, successivement, le Tarot désigne sous les termes de "L'EMPEREUR" et "LE PAPE", et avec chacun d'eux, est en jeu un type différent de paternage et aussi importants l'un que l'autre. La proximité du terme "pape" et du terme français "papa" ou grec "pappas" fait d'emblée comprendre que le type de paternité en jeu avec LE PAPE est d'une nature beaucoup moins politique et dominatrice, et donc beaucoup plus affectueuse que ce qui se joue avec L'EMPEREUR qui est père plus que papa. Une affection forte lie l'enfant au papa de son enfance, de sa petite enfance comme de l'adolescence. Le papa est le père tendre, presque maternant, mais c'est aussi celui qui s'occupe de soutenir l'autonomie de l'enfant par la confiance et l'amour qu'il place en lui. Cela n'empêche pas LE PAPE d'être aussi une carte qui renvoie à la fonction sacerdotale de la Figure centrale. LE PAPE est aussi l'Atout du chef suprême des prêtres, celui qui fait l'intermédiaire entre le divin et l'humanité. L'EMPEREUR ET LE PAPE AU SEIN DE LA PREMIÈRE MAIN : DEUX PATERNAGES AUSSI NÉCESSAIRES QUE DIFFÉRENTS La Première Main du Tarot L'EMPEREUR incarne le père tribal, c'est-à-dire le chef de la communauté politique, et dès lors, au sein de la famille, le père de la loi, des limites, de la protection et des frontières, ainsi que le père oedipien, partenaire de vie de la mère, père de la triangularité et qui, au moment du complexe d'Oedipe, apparaît au petit garçon comme un rival et à la petite fille comme l'objet de son désir amoureux, et qui, ensuite est introjecté dans le psychisme de l'enfant, sous la forme du Surmoi. LE PAPE est un père beaucoup moins strict, beaucoup plus aimant dans sa manière d'être et d'interagir avec l'enfant, et surtout, c'est un émancipateur. Ce n'est donc pas pour rien que ce personnage est à la droite de L'EMPEREUR : il représente un autre type de père que le père de famille représente aussi nécessairement. C'est le papa cette fois qui a donné son nom au "PAPE". L'Atout V est le représentant du père tendre et émancipateur. C'est littéralement un père socratique, et en tant que tel, LE PAPE est le premier père spirituel. Contrairement à L'EMPEREUR, LE PAPE ne dit pas à l'enfant : " tu dois agir ainsi " ou " c'est interdit ". Sa parole essentielle est : " j'ai confiance en toi, tu peux y arriver ". En déposant au sein de l'enfant sa propre confiance de père, il l'invite à croire en lui-même et en ses propres ressources pour avancer dans la vie et pour, à terme... être capable de quitter la première communauté humaine, sa famille, pour s'engager dans la sphère de la vie sociale, vivre sa propre vie d'adulte dans le monde politique, et un jour, pouvoir fonder sa propre famille. Les deux figures de L'EMPEREUR et du PAPE existent, en réalité, dans tous les pères qui les incarneront plus ou moins intensément chacun selon leur personnalité. Il y a aussi beaucoup de variations selon les époques et les cultures, ainsi que selon les âges de l'enfant, et les besoins spécifiques de celui-ci. Chaque père alors privilégiera le père ou le papa, L'EMPEREUR et son autorité, ou LE PAPE et son besoin d'émanciper l'enfant. Mais, parfois, LE PAPE est un autre homme que le père biologique ou adoptif, un père spirituel qui prend la forme de l'enseignant, comme le fut Socrate pour Platon et pour la Grèce antique, ainsi sans doute que pour notre civilisation tout entière, particulièrement depuis le siècle des Lumières. LA PAPESSE ET LE PAPE : LA MAMAN ET LE PAPA DU TAROT L'amour de père qu'éprouve LE PAPE pour l'enfant ressemble par certains côtés à l'amour de LA PAPESSE : ce sont deux expressions de la tendresse, de la proximité affective, ce qui les distingue de la distance relative qu'instaurent L'IMPÉRATRICE et L'EMPEREUR : ce sont la maman et le papa dans la distinction que fait la langue française avec la mère et le père. En même temps, la posture des deux personnages au sein du Tarot montre une grande différence : LA PAPESSE qui est tournée entièrement vers LE BATELEUR (l'enfant) est fusionnelle dans l'expression de son affection, et risque d'être enfermante dans la bulle de la relation duelle qu'elle crée avec l'enfant, tandis que LE PAPE qui est face à plusieurs enfants, il les invite à s'émanciper, à partir, à sortir de la relation familiale et de la première Main du Tarot. Ce faisant, LE PAPE n'est pas seulement l'équivalent masculin de LA PAPESSE dans cette tendresse qu'ils manifestent à l'enfant. Ils sont à l'opposé l'un de l'autre dans ce qu'ils apportent à l'enfant. LE PAPE est, en ce sens, l'un des compléments de LA PAPESSE. Il est celui qui prend le relais de la mère à deux figures (LA PAPESSE et L'IMPÉRATRICE) non en imposant un cadre et en participant à la construction de l'adaptation psychique à la vie sociale, ce que fait L'EMPEREUR, mais en favorisant, en l'enfant, une confiance en la vie et en ses propres forces qui lui permettent d'affronter les expériences du monde sans avoir besoin du soutien et du réconfort de la mère. Et c'est pourquoi il termine la première Main du Tarot. LE PAPA PÈRE-PRÉCOCE : UN MATERNAGE SOCRATIQUE REPRÉSENTATIF DE L'ATOUT V Dans L'Ensorcellement du monde , l'éthologue Boris Cyrulnik a mis en lumière ce qui lui semble la spécificité essentielle du type de maternage opéré par les pères modernes qui s'occupent de leurs tout-petits. C'est un maternage de type socratique. Ces pères nouveaux, qui émergent dans nos sociétés, ne sont pas des pères oedipiens, car le temps du théâtre oedipien n'est pas encore arrivé pour le bébé. Ce dont ce dernier a besoin, c'est en effet d'être materné. Les hommes modernes, ces papas des bébés et tout-petits, maternent donc. Mais le maternage des hommes n'est pas le même que celui des femmes. Pour aller plus loin, c'est ici .
- LE BATELEUR, Atout I (accès étudiant)
LE BATELEUR DU Tarot Conver, Éditions Yves Reynaud
- LES JEUX DE CARTES À L’ÉPOQUE DE LA RENAISSANCE (accès libre)
La Mort à cheval du Visconti-Sforza (Bibliothèque Beineke) LE TAROT DE MARSEILLE N’EST PAS NÉ À MARSEILLE, ET PAS MÊME EN FRANCE On a longtemps pensé que le Tarot de Marseille, dans sa forme fixée malgré quelques variations, était l’invention de cartiers français du XVIIe ou XVIIIe siècles, tandis qu’en Italie les jeux qui avaient cours à la Renaissance étaient des jeux de Triomphes, dont les auteurs auraient été, en quelque sorte, les grands-parents du Tarot de Marseille. En réalité, si les jeux à Triomphes créés dans les différentes cours princières de l'Italie de la Renaissance représentent effectivement les principales sources d'inspiration du Tarot de Marseille, pour autant, le jeu tel que nous le connaissons, avec ses vingt-deux Atouts, ses quatre Cours et ses quarante Cartes numérales, ainsi que ses quatre Couleurs, est né en Italie, en pleine Renaissance, à la Cour du Duc de Milan. Il faut reconnaître cependant que l'histoire du Tarot de Marseille est quelque peu trompeuse. Les plus anciens jeux de Tarot qu'il nous reste du passé ont été imprimés en France : il s’agit du jeu de Catelin Geofroy puis celui de Jean Noblet qui datent respectivement de 1557 et 1650. D’autre part, c'est un grand auteur de littérature française, Rabelais, qui parle du Tarot, sous ce nom, au sein de la littérature française, puisque c'est dans Gargantua, au chapitre XXII, que se trouve cette première mention romanesque. Enfin, c’est aussi en France que le Tarot de Marseille, tel qu’on le connaît, s’est d'abord diffusé au sein de l'Europe : les jeux sont imprimés à Lyon d’abord, puis de là, à Paris, et à Rouen. En 1600, Lyon, Paris et Rouen sont les trois plus importantes villes où s’activent les manufactures des Cartes qui se diffusent, ensuite, partout en Europe. On parle à l’époque de ces villes comme « des greniers à cartes de l’Europe ». On pensait dès lors que les jeux de Triomphes italiens étaient en quelque sorte les ancêtres d’un Tarot qui aurait trouvé sa forme définitive en France, et qu’on a désigné, pour une raison quelque peu mystérieuse puisque Marseille n'était pas un grand centre d'impression de jeux de cartes, sous le nom de « Tarot de Marseille ». LE TAROT DE MARSEILLE EST ITALIEN ET A ÉTÉ CRÉÉ EN PLEINE RENAISSANCE Le MONDE, Atout retrouvé dans le puits du château de Milan En réalité, le Tarot est né en Italie et très probablement au XVe siècle, c’est-à-dire en pleine Renaissance, et non dans la France des XVIe ou XVIIe siècles. Et si on en est, désormais, à peu près assuré, c’est parce qu’il y a eu une série de découvertes historiennes qui va dans ce sens. Au début du XXe siècle, on a en effet retrouvé dans le puits du château des Sforza à Milan, six Cartes dont cinq à points et un Atout (l’Atout XXI, Le Monde) qui sont en tous points semblables à la forme fixée du Tarot de Marseille tel que les cartiers français l’ont transmise à la postérité. L'Atout XXI possède ce nombre XXI qui n’existe pas dans les jeux à triomphes italiens et l’iconographie de la Carte est parfaitement semblable à celle qu'on trouve dans les jeux plus tardifs édités en France. La datation précise de ces six Cartes n’est pas possible, mais les historiens estiment qu'il s'agit probablement de la fin du XVe siècle ou du début du XVIe siècle. Le fait que ces Cartes aient été retrouvées dans un puits à Milan, précisément dans le puits du château des Sforza, une lignée de princes italiens connue pour son mécénat, est loin d’être indifférent, car dans cette Cour, il y avait des artistes hors pair comme Botticelli ou Léonard de Vinci, ainsi que des spécialistes de géométrie sacrée comme le fut Luca Pacioli de laquelle, dans sa structure holistique, le Tarot de Marseille s'inspire. LA LUNE et L'ÉTOILE dans la Feuille Cary D’autre part, Lord Sir Michael Dummett, un philosophe anglais et historien spécialisé dans le Tarot, a présenté dans un de ses livres, ce qu’on appelle « la feuille de Cary » (du nom de son dernier propriétaire privé), et qui représente une impression cartonnée d’un jeu qui n’est pas encore découpé. Or, cette feuille Cary provient elle aussi de Milan et représente bien des aspects de l’iconographie habituelle du Tarot, même si on n’y trouve pas les nombres que possède, au contraire, la carte trouvée dans le puits du Château de Milan. Cette feuille Cary daterait elle aussi de la fin du XVe siècle ou du début du XVIe siècle, précisément à une époque où Milan fut envahie par les troupes du roi de France, un roi qui avait ensuite très probablement emmené avec lui un exemplaire du Tarot de Marseille, ce qui explique dès lors pourquoi c’est en France que ce jeu si particulier s’est imprimé et diffusé en premier lieu. Ludovico Sforza , Miniature d e Giovanni Ambrogio de Predis Si les Cartes du puits du Château de Milan et la feuille Cary sont datées, par les historiens, du tout début du XVIe siècle, cela ne veut pas dire que le Tarot soit né à ce moment-là. Il est vraisemblable au contraire qu’il soit né quelques décennies avant, en plein XVe siècle, c’est-à-dire à l’époque où le duc Ludovic Sforza, célèbre pour son intelligence, mais aussi pour son absence de scrupules (il s'était emparé du pouvoir qui aurait dû appartenir à son neveu), ainsi que pour la liberté de ses mœurs au regard de l’influence religieuse, invite, à Milan, des artistes, des penseurs, des chercheurs qui sont à la pointe de la créativité italienne. Et il n’est pas non plus indifférent, pour expliquer pourquoi le Tarot s'est diffusé en France, que ce duc soit mort en France, emmené là par les troupes du roi victorieux, puis emprisonné à Lyon, précisément où allait se développer une importante manufacture de cartes à jouer. Il est raisonnable dès lors de penser que le Tarot créé en Italie, à Milan plus précisément, dans la cour du duc Ludovic Sforza, a émigré en France où des cartiers se sont chargés de le reproduire et d’en faire la diffusion en France, puis partout en Europe. Savoir où est né le Tarot de Marseille n’est pas suffisant, cependant, pour comprendre son importance historique, ainsi que pour en saisir le sens, il faut encore restituer le milieu historique où est très probablement né le Tarot et ce qui l'a inspiré. LES JEUX ET SOURCES D’INSPIRATION DU TAROT DE MARSEILLE Le 21 du Tarot français des joueurs Il ne faut jamais oublier que le Tarot a, d’abord, été un jeu de Cartes : les joueurs l’utilisent tel quel jusqu’au XIXe siècle où le Tarot de Marseille se spécialise dans ses usages ésotériques et divinatoires, pendant que les joueurs se dotent d’un tarot très différent, un tarot aux images inspirées par la vie quotidienne de la France du XIXe siècle. Il est généralement admis que les premiers jeux existant dans l’histoire de l’humanité ont été inventés en Chine, au XIIe siècle, et qu’ils seraient arrivés en Occident en passant par le sultanat mamelouk d’Égypte et par les marchands de Venise, cette ville étant très ouverte au commerce international qui faisait sa richesse. Ces jeux étant des jeux d’argent et de plus en plus populaires, l’Église de Rome commence à condamner à partir du XVe siècle. L’essor de ces jeux est cependant d’autant plus dynamique qu’il bénéficie de l’invention de la xylographie, une impression sur gravure, qui permet de réduire le coût de production. Auparavant, et donc durant au moins la première partie du XVe siècle, les jeux étaient dessinés à la main et enluminés, de ce fait, ils étaient très onéreux et réservés aux usages de l’aristocratie. Parmi les jeux les plus anciens, on a principalement trois types de jeux : les naibis, les jeux de cartes de cours, et enfin les jeux éducatifs et moraux à destination de la jeunesse. L’association des trois types de cartes est, d'abord, le fait des jeux princiers à Triomphes qui ont pu, un temps, rivaliser avec le Tarot de Marseille, et plus vraisemblablement encore, en inspirer la création. LES CARTES NUMÉRALES OU NAIBIS On désigne sous le terme de « Cartes numérales » ou "Nombres" les cartes où il n’y a pas de personnages, et qui sont organisées en enseignes, ainsi qu' en nombres inscrits sur les cartes et croissants, les Nombres apportant un certain nombres de points, d'où leur nom aussi dans le monde des joueurs de cartes de "cartes à points". Un décret de la cité de Florence datant du 23 mai 1376 permet de comprendre à quel moment les jeux de cartes sont apparus en Italie. Ce décret émet une forte réserve à l’égard des jeux importés : « Nous, les prieurs, voulant combattre les mauvais principes, ayant ouï qu’un certain jeu appelé naibbe a pris pied dans cette région (…) » . C'est donc au XIVe siècle que les jeux de cartes, jeux d'argent, apparaissent et inquiètent les autorités politiques et religieuses de l'époque. D’où viennent ces naibi ? Si l’origine des cartes en Chine ne fait pas de doute, reste qu’entre l’Italie, l’Allemagne et les pays arabes, l’antériorité de tel ou tel espace culturel est désormais très discutée. Deux d'Épée dans un jeu des Mamelouks Quoi qu’il en soit de cette antériorité, une chose est sûre, les naibis des Mamelouks, cette lignée de dirigeants qui régnaient en Égypte, Syrie et Arabie et qui, par la suite, a été remplacée par celle des Ottomans, sont des jeux de cartes à points, magnifiquement décorés, dont on peut contempler les quelques cartes parvenues jusqu’à nous au musée Topkapi d’Istanbul. Ces cartes montrent une parenté évidente avec les cartes numérales des jeux italiens. On y retrouve ainsi la division en quatre couleurs : épées, bâtons (de polo), deniers et coupes. Ces enseignes désormais appelées « italiennes » et qui restent celles du Tarot de Marseille ont été remplacées dans le reste de l’Europe par des enseignes nationales avec, par exemple, en Allemagne des cartes divisées en feuilles, glands, grelots et cœurs ; en Suisse des cartes réparties en roses, grelots, glands et boucliers ; en Espagne la répartition se fait entre les cartes d’ors, de bâtons, d’épées et de coupes. Puis, les enseignes qui se sont imposées en France : carreaux, piques, trèfles et cœurs, se sont progressivement répandus partout en Europe, puis dans le monde, évinçant les enseignes nationales. Une seule exception résiste à cette diffusion des enseignes françaises : le Tarot de Marseille qui conserve les enseignes italiennes. LES JEUX DE COURS OU D’HONNEURS Les Jeux de Cour sont sans doute parmi les jeux les plus anciens en Occident. Au dernier tiers du XIVe siècle, un moine allemand en parle dans un traité : « voici qu’un certain jeu, qui est appelé jeu de cartes , dit-il, est arrivé chez nous cette année, c’est-à-dire l’année du Seigneur 1377. Dans ce jeu, l’état du monde dans les temps actuels et modernes est figuré de façon parfaite ». Ce monde qu’on retrouve sur les cartes des joueurs, c’est le monde des cours royales de son temps dans lesquels se trouvent des rois et parfois des reines, ainsi que de hauts et de bas serviteurs: les marshalli par exemple et les dames de maison et de compagnie. La Reine de France dans les Cartes de Cour d'Ambras, dans le Jeu des Offices de la Cour Allemagne (1450) ( In L'Histoire du Tarot d'Isabelle Nadolny) Les plus célèbres de ces jeux de Cour, sont le Jeu de Stuttgart et le « jeu des offices de la Cour" : Der Hofämterspiel ). Créé vers 1455, dans le sud de l’Allemagne d’alors (en Autriche actuelle), il a traversé entier les siècles jusqu’à nous. Il se compose de 48 cartes intactes, faites à partir de gravures sur bois peintes à la main, ces cartes se répartissant en quatre cours royales : cour de Bohème, cour d’Allemagne, cour de France et cour de Hongrie, chaque carte portant l’écusson de la cour en emblème. Chaque cour se subdivise en douze personnages liés, selon leur enseigne et quatre par quatre, à un Nombre. En I, nous trouvons deux Bouffons (de la cour de Bohème et de la cour d’Allemagne) et deux Bouffonnes (de la cour de France et de la cour de Hongrie) ; dans les cartes des nombres II, III, IIII, et V, sont présentés les métiers et fonctions nécessaires à la vie de la cour (dont le potier, le chasseur, le boulanger, le tailleur, le barbier, etc.) ; puis à partir du nombre VI, on voit les personnages vivre à la cour et la servir directement (dame d’honneur, chambellan, chapelain, chancelier, et maîtresse de maison), le nombre X représentent les Maréchaux, puis accompagnant les nombres XI et XII, sont en jeu les reines et les rois. Selon l’historienne Isabelle Nadolny, dans ces jeux de Cours, on retrouve « ni plus ni moins qu’une splendide et vivante évocation de la vie seigneuriale du temps ». En France, deux cartiers se distinguent : un dénommé Jacques d’une part, et Jean de Dale d’autre part, qui l’un et l’autre travaillaient à Lyon. Souvent, ces jeux français furent composés à partir des grandes maisons aristocratiques, mais aussi de la mythologie. La pucelle d’Orléans côtoie ainsi de grands ducs (de Bourgogne, de Normandie, de Reims…), des comtes (de Flandre, de Paris), mais aussi Vénus, Pallas Athéna, et la fée Mélusine... Les cours portent parfois des blasons, et se dotent des devises de ces cours. Très clairement ls jeux de cour avaient une fonction pédagogique : ils transmettaient des modèles historiques ou mythologiques à la jeunesse aristocratique. Mais, à l'époque où le Tarot de Marseille apparaît, il existait aussi des cartes d'images, plus clairement éducatives encore. LES JEUX ÉDUCATIFS ET MORAUX : L E TAROT DE MANTEGNA Croire que les jeux de cartes, qui sont des jeux d’argent, de hasard et de stratégies, représentent la source unique du Tarot de Marseille serait une erreur. En réalité, dans cette Italie de la Renaissance où se trouvent Rome et la papauté, le pouvoir des images est depuis longtemps reconnu et elles sont un instrument important de l’éducation de l’aristocratie. Deux ensembles d’images éducatives sont importants quand on étudie le milieu historique où le Tarot de Marseille a été créé : le jeu de Mantegna et les Triomphes de Pétrarque. La Force dans le Tarot de Mantegna En ce qui concerne le nom de ce qu’on appelle « le Tarot de Mantegna », il faut d'emblée mentionner le caractère trompeur de cette désignation historique puisque cet ensemble d'images n’est pas un tarot, ni même un jeu, et ce n’est pas non plus ce peintre italien qu’est Mantegna qui en est l'origine. En réalité, on ne sait pas exactement qui est l’artiste qui a créé ce support pédagogique de la Renaissance italienne. Le jeu de Mantegna se compose de cinquante gravures sur un support de feuilles non cartonnées, probablement exécutées à Ferrare, et reliées entre elles comme dans un livre. Ces cinquante gravures se subdivisent en cinq groupes de dix images organisées par les lettres A, B, C, et D. Chacun des ensembles contient des personnages ayant en commun une dimension de la réalité et de l'imaginaire : des êtres humains composent l’ensemble E, des êtres humains et des divinités grecques l’ensemble D, les arts et les sciences pour l’ensemble C, les grandes vertus et les principes cosmiques pour l’ensemble B, et enfin pour l’ensemble A, les planètes et sphères cosmiques. Chaque ensemble est hiérarchisé du plus bas – les chiffres et nombres qui contiennent le 1, comme le 11, le 21, le 31 et le 41 -, jusqu'au plus haut, les multiples de dix : le 10, le 20, le 30, le 40 et le 50. Dans la hiérarchie humaine, on part ainsi du nombre 1 qui correspond au Mendiant qui n’est pas sans rappeler aux amateurs du Tarot de Marseille, le MAT, et on s’élève au 2 où se situe le Serviteur, puis au 3 qui correspond à l’Artisan, au 4, le Marchand, au 5, le Gentilhomme, au 6, le Chevalier, au 7, le Doge, au 8, le Roi, au 9, l’Empereur, et au 10, le Pape, qui est au sommet de la hiérarchie humaine. Le Tarot de Mantegna, on le voit, installe et transmet un ordre social où l'aristocratie domine le peuple, mais qui est, elle-même, soumise aux puissances spirituelles de l'Église de Rome. Il est très intéressant de comparer le Tarot de Mantegna à l'organisation du Tarot de Marseille, en particulier, en ce qui concerne la hiérarchie des Vertus où l'ordre transmis n'est pas soumis aux mêmes hiérarchies. Ainsi, la vertu profane la plus haute pour le tarot Mantegna, c’est la Justice, qui est cependant dépassée par les trois vertus théologales (qui disposent l’homme à être en relation avec Dieu) : la Charité, l’Espérance et la Foi. Pour le Tarot, La Justice est la plus basse des vertus, et elle apparaît dès lors comme le socle fondateur des autres. Dans le Tarot de Marseille, en outre, les vertus théologales ont disparu. C'est que le Tarot de Marseille fait tout autre chose que de pérenniser un ordre social et politique existant. Il vise une initiation hermétique. LES TRIOMPHES DE PÉTRARQUE L’autre source principale d’inspiration du Tarot de Marseille ainsi que des jeux princiers à triomphes, ce sont les Triomphes du poète Pétrarque. Pétrarque était un grand érudit et il a largement contribué à la Renaissance italienne. Il possédait une grande bibliothèque et avait traduit certains des textes majeurs de l’Antiquité, facilitant la diffusion du savoir chez ses contemporains. Il est l’un des plus importants acteurs de ce mouvement qui a transformé l’Occident et l’a fait passer du Moyen-Âge à la Renaissance. Mais Pétrarque était aussi un moraliste qui croyait profondément au message évangélique et à l’espérance qu’il transmet. La Mort en Triomphe Pétrarque Les Triomphes de Pétrarque représentent une série de poèmes allégoriques qui mettent en image un rêve où une bataille est en jeu, celle de la lutte de l’humanité contre les passions. Cette œuvre est composée de six chapitres consacrés, chacun, au triomphe d’une allégorie, chacune étant dépassée par la suivante, et cela jusqu’à la dernière : l’éternité, refuge ultime de l’âme humaine qui a oeuvré au parfait dépassement des passions. Les Triomphes de Pétrarque commencent avec celui de l’Amour, qui est, ensuite, supplanté par celui de la Chasteté, puis celle-ci l’est par la Mort, que dépasse la Renommée, laquelle se trouve surplombée par le Temps et, pour finir, se trouve l’Éternité, ce refuge ultime de l’homme en dieu. Ces triomphes de Pétrarque allaient connaître un énorme succès partout en Europe où les artistes et écrivains s’emparèrent du sujet. Ce qui intéresse, cependant surtout, les amateurs du Tarot, c'est le fait que chaque poème a donné lieu à une illustration sous forme d’enluminure aux vives couleurs où l'on voit l’allégorie alors triomphante installée sur un char qui n'est pas sans rappeler l'Atout VII : Le Chariot. L'influence des Triomphes de Pétrarque sur la création du Tarot de Marseille possède cependant trois dimensions : d’une part, le terme "triomphe" est adopté par les jeux princiers qui précèdent le Tarot pour désigner les Cartes les plus importantes. Elles changeront de nom et seront désignées sous le nom d'"Atout". D'autre part, le char qui est central dans l'Atout VII, Le Chariot, est traditionnellement interprété comme glorieux, victorieux, éclatant de succès. Enfin le Tarot a retenu ces idées pétrarquisantes de dépassement dans un cheminement de l’âme humaine qui, d’Atout en Atout, s’élève sur un plan moral et spirituel jusqu’à la dernière Carte qui est Le Monde, dans le Tarot de Marseille, et où nous retrouvons la notion d’éternité, c'est-à-dire de dépassement glorieux de la temporalité, même si cet Atout contient bien d'autres idées encore. LES JEUX PRINCIERS À TRIOMPHES Dans ce qui précède le Tarot de Marseille, il y a un type de jeu vraiment très proche au niveau de l’iconographie des cartes : c’est celui des jeux princiers à Triomphes, même si ces derniers n’obéissent pas encore entièrement aux codes du Tarot de Marseille et particulièrement pas à sa structure holistique. À la Renaissance, princes ou ducs se partagent l’Italie qui n’est pas une nation réunie sur un plan politique, même si elle existe en tant qu’espace culturel partageant une langue et une histoire communes. S'il y a un peuple italien, il n’y a pas de royaume d’Italie ou de République d’Italie, mais des duchés et des principautés en plus des terres pontificales. Les princes et ducs italiens ont cependant joué un rôle important dans la bascule du Moyen-Âge à la Renaissance. D’une part, c’étaient des personnes très cultivées et d’autre part, elles aimaient présenter les signes de leur puissance par un mécénat très actif auprès des intellectuels et des artistes. C’est sous leur impulsion que la poésie, la peinture, la sculpture, et l’architecture italiennes prennent leur essor, en s’émancipant aussi de la clôture du sujet religieux dans laquelle ces arts étaient jusqu'alors enfermés. Or, parmi ces signes ostentatoires de la richesse et du pouvoir, il y avait ces jeux princiers qui étaient commandés à des artistes et payés fort cher : les jeux princiers à triomphes. La Force dans le Visconti-Sforza (coll. Colleoni) Parmi ces jeux princiers, les plus célèbres et les mieux conservés sont les jeux Visconti-Sforza qui se trouvent, actuellement, répartis dans différents musées et bibliothèques. Ces jeux préfigurent le Tarot, non seulement dans le choix des Atouts, des Cartes de Cour et des Enseignes, mais surtout parce qu'il met déjà ensemble les trois types de cartes que reprendra le Tarot de Marseille. Nous y trouvons en effet quatre suites de dix cartes numérales, des cartes de cour – les honneurs –, et les triomphes qui donnèrent leur nom au jeu. Les cartes étaient faites en carton, peintes à la main, sur fond d’or, avec des couleurs vives, ressemblent aux enluminures médiévales et présentent des personnages dont les modèles furent sans doute la cour Visconti. Ces jeux princiers en outre ne sont fixés pas les représentations qu’ils proposent des triomphes qui ne cessent de varier, et les cartes ne sont pas non plus numérotées. Ces jeux représentent incontestablement la source principale d’inspiration au Tarot de Marseille, mais ce dernier va s’organiser d'une manière unique en mêlant Nombres, Désignations, Enseignes et place au sein d'une Organisation qui lui sert à distiller un message unique. La Force dans le Visconti-Sforza (Bibliothèque Beineke) Loin d'être fixés dans leurs formes, leur organisation et dans les iconographies, comme le sera le Tarot de Marseille, les trois jeux princiers qui sont parvenus jusqu'à nous et que se partagent les musées et bibliothèques aux USA et Italie – le Visconti de Modrone, le Brambilla, et le Colleoni (appelé aussi Visconti-Sforza) sont souvent très différents les uns des autres, et très différents aussi de ce que mettra en scène le Tarot de Marseille. Le Visconti di Modrone (appelé ainsi pour avoir très longtemps appartenu à la famille Visconti) inclut ainsi les trois Vertus théologales qui n’existent pas dans le Tarot de Marseille. Je vous invite à aller sur Wikipédia qui publie en parallèle les Triomphes des trois jeux qui nous restent. Vous verrez, par exemple, deux interprétations très différentes de La FORCE ; et il en est de même pour la Mort (l’Atout XIII dans le Tarot de Marseille), l'un présente une mort à cheval, l'autre avec un arc qu'on ne retrouve pas dans le Tarot de Marseille où un squelette à pied avance avec une faux. Je vous invite à regarder par exemple comment le Tarot de Marseille a remplacé le vieux Cronos (Le Temps) du Visconti-Sforza par L'HERMITE, distillant de ce fait un tout autre message, ou comment La Tempérance est devenu TEMPÉRANCE avec un ange au lieu d'une femme en train de verser de l'eau, ou encore à quel point ont chanté la représentation de L'ÉTOILE, de LA LUNE ou du SOLEIL. Les messages sont très différents. Vous y découvrirez aussi que les jeux Visconti-Forza avaient des cours beaucoup plus étendues que celles du Tarot de Marseille et qu'il faisait place, systématiquement, à côté des reines et des rois à des couples : les Valets et les Servantes, les Cavaliers et les Cavalières. https://fr.wikipedia.org/wiki/Tarot_Visconti-Sforza LE TAROT DE MARSEILLE ET LA COUR DE MILAN l est très probable que le Tarot de Marseille, tel qu’il existe depuis la Renaissance, soit né en Italie, et plus précisément à Milan, dans la Cour du duc Ludovic Sforz. Ludovic Sforza C’est aussi à cette époque, à la fin du XVe siècle (1496), que Luca Pacioli qui travaillait à la géométrie sacrée rencontre Léonard de Vinci qui s’y trouvait depuis 1482. Ils se lient d’amitié et Léonard de Vinci fait les illustrations du très célèbre La divine proportion de Pacioli. Dans cet ouvrage où s'illustre le projet hermétique de l’élite de la Renaissance italienne, Pacioli traite des proportions mathématiques et du rôle qu’y joue le nombre d’or. Or, c'est ce même nombre d'or et ce sont ses expressions géométriques que met en scène la structure holistique du Tarot de Marseille. Pacioli et de Vinci sont restés à Milan jusqu’à ce que les troupes du roi de France (Louis XII) envahissent la ville en 1499. Ludovic Sforza qui fut fait prisonnier est mort emprisonné en France, avait-il emmené avec lui son jeu de Tarot ? Ou bien est-ce Léonard de Vinci qui a suivi François 1er en 1515 pour vivre dans la petite ville d’Amboise et qui aimait prendre avec lui ses plus belles productions ? Les liens entre Milan et la France étaient tels, alors, qu’il n’a rien d’étonnant dans le fait que cet objet créé par des Italiens, très certainement dans la cour du duc de Milan, et peut-être bien par Luca Pacioli et Léonard de Vinci qui y ont résidé, ait vu ses plus importants développements historiques en France, et non en Italie.
- LE MONDE , Atout XXI- L'ANIMA MUNDI (accès étudiant)
LE MONDE du Tarot Conver, Éditions Yves Reynaud
- LE JUGEMENT, Atout XX (Accès étudiant)
LE JUGEMENT, Tarot Conver, éd. Y. Reynaud
- LA ROUE DE FORTUNE - Atout X (accès étudiant)
LA ROUE DE FORTUNE, Conver, Éditions Y. Reynaud
- LE BATELEUR, ATOUT I (accès libre)
LE BATELEUR DU Tarot Conver, Éditions Yves Reynaud LES CARACTÉRISTIQUES PRINCIPALES DU BATELEUR Du point de vue de l'iconographie, LE BATELEUR se présente comme un jeune homme, bien habillé, aux chaussures et à la chevelure jaunes ou dorés. Sur la tête, un grand chapeau en forme de lemniscate (symbole mathématique de l'infini). Il se tient jambes écartées, tête penchée à gauche et tient dans la main gauche une sphère et dans la main droite une baguette. Il y a devant lui, une table à trois pieds, avec par-dessus, une foule de petits objets - des jouets - : gobelets, poignards et piécettes. Le paysage est naturel. Entre les jambes du BATELEUR, un petit arbuste ou une plante grasse. Du point de vue du Nombre, LE BATELEUR relève du Nombre I. Il appartient de ce fait à la première Verticale, celle des I qui le lie à L'AMOUREUX, LA FORCE et LA MAISON DIEU, mais aussi au MONDE. Du point de vue de sa Désignation, LE BATELEUR signale qu'il relève du démonstratif, de la magie, magie d'apparence au moins, et peut-être du mensonge. LE BATELEUR et LE JUGEMENT, Atouts complémentaires Au sein de l'Organisation holistique du Tarot, LE BATELEUR et LE JUGEMENT encadrent l'ensemble des quatre Mains et cinq Verticales du Tarot : LE BATELEUR est au tout commencement, LE JUGEMENT à la toute fin de l'aventure que représente cet ensemble d'Atouts qui forme une Structure en quatre Mains et cinq Verticales. Cet Atout I qu'est LE BATELEUR est en relation de complémentarité avec LE JUGEMENT, l'Atout XX : I + XX = XXI. L'Atout I, LE BATELEUR, se situe au commencement absolu de la Structure en 4x5 des Atouts : il démarre la première Main du Tarot tout comme la Verticale des I. L'Atout XX, LE JUGEMENT, est le dernier Atout de la quatrième et dernière Main, tout comme l'Atout le plus élevé de la cinquième et dernière Verticale. LE PETIT DANS LE JEU DE TAROT ET LA SYMBOLIQUE DE LA TABLE LE BATELEUR du Tarot Camoin-Jodorowsky LE BATELEUR ou Atout I est appelé "le Petit" par les joueurs. C'est le plus faible des Atouts, et en même temps, c'est celui que le jeu destine à la posture du héros : lorsque son camp parvient à l'emmener jusqu'au bout, c'est-à-dire jusqu'au dernier pli, il remporte une prime. LE BATELEUR n'incarne pas l'énergie du commencement qui est le propre du MAT. Il est le commencement : alors que l'iconographie du MAT exprime le plus grand désordre, LE BATELEUR est déjà ordonné, bien vêtu. Il appartient à l'Âme divine. Il en est l'essence. Incarnant la jeunesse, il est habituellement aussi interprété comme l'enfant du Tarot. Comme le remarquait Alejandro Jodorowsky, il y a, entre les pieds du BATELEUR, comme une plante grasse qui peut faire penser à un vagin de femme : LE BATELEUR vient donc de naître. La table qui se trouve devant LE BATELEUR est rarement saisie dans sa signification symbolique. Pourtant, elle rejoint cette idée de naissance. La Table est en effet une des images importantes de la symbolique onirique. Georges Romey, le grand compilateur des symboles qu'il a récolté lors des cures en REL ( Rêve Éveillé Libre) dont il fut le créateur et le promoteur, explique dans le Dictionnaire de la symbolique des rêves, que la table n'est pas, dans les rêves, un objet mais un lieu. C'est, dit-il, "un lieu intérieur ", " un lieu d'intimité " et un lieu d'intimité qui fait référence à la petite enfance qui fait suite à la naissance : " Étroitement associée à la cheminée, à l'âtre, au foyer, elle (la table) n'est pas un substitut du ventre maternel, elle est un prolongement de ce dernier ". La Table est la matrice de l'existence concrète. Elle symbolise ce que LE BATELEUR a reçu dans son héritage patrimonial en termes de potentialités. Sur la table se trouvent des symboles miniatures des quatre Couleurs du Tarot et LE BATELEUR s'est déjà emparé de certains objets. Ces objets ne sont pas sans significations. Ils rappellent, en petit, les quatre Couleurs du Tarot. Des gobelets représentent les Coupes en petits, les poignards et couteaux les Épées en petit, des sphères ou pièces de monnaie font référence aux Deniers et, dans sa main droite, il tient un court Bâton qui, bien sûr, fait référence à la Couleur de Bâton. Beaucoup de taromanciens voient, dans ces enseignes du Tarot en miniature, des jouets qui permettent à l'enfant d'apprivoiser les symboles du déploiement de la vie adulte. Elles ont surtout pour rôle de rassembler, dans l'Atout I, l'ensemble du Tarot : LE BATELEUR se caractérise par le fait qu'il a devant lui tous les possibles. Rien, à ce stade, ne l'arrête ni rien n'est décidé. Il a tout en lui pour aller au bout de sa réalisation, mais sur forme seulement de potentiel. Que fera-t-il de tout ce potentiel ? À ce stade, nul ne le sait. LE BATELEUR est le symbole de ce potentiel que contient le Petit du Tarot. LE BATELEUR INCARNE LA FORCE CRÉATRICE ET SPIRITUELLE DU NOUVEAU En tant que symbole exprimant le Nouveau, LE BATELEUR remet de la vie vivante dans ce qui existe. D'où l'importance de la Couleur verte qui accompagne jambes, bras et coiffe en lemniscate. Gitta Mallasz dans Dites-moi sur RTBF, 19 juin 1989 Dans les Dialogues avec l'ange que Gitta Mallazs a recueilli pendant la Seconde Guerre mondiale - issus d'une expérience de médiumnité unique au monde -, les paroles angéliques sont est en accord profond avec l'hermétisme. Il est dès lors toujours utile aux tarologues de lire ces Dialogues, car s'y trouve l'essence de ce que les créateurs du Tarot ont transmis, à travers ces images, ces Nombres et ces relations holistiques qu'est le Tarot, en pleine Renaissance italienne. C'est l'Ange de Lili qui parle le 17 septembre 1943 : "Dans ton travail, quitte l'ancien !/ Cherche le tout nouveau,(...) COMMENCE TON TRAVAIL/ COMME SI TU NE L'AVAIS JAMAIS FAIT !". Le 24 septembre, le même ange revient sur cette idée qui, en réalité, va courir à peu près tous les dialogues : "Ce qui est certain, c'est la mort./ Le nouveau est toujours incertain./ (...) Un tout petit Nouveau est plus que tout l'ancien. (...) LE PETIT NOUVEAU :/ LE GRAIN DU ROYAUME DE DIEU EN TOI." Que signifie cette parole angélique ? Qu'est-ce qu'ont voulu exprimer les créateurs du Tarot par ce Nombre I ? Le Nouveau contient en lui la puissance créatrice. Le nouveau-né dans le monde animal, le renouveau printanier dans le monde végétal manifeste l'Information divine qui, toujours, dans l'ancien du monde matériel, finit par se perdre. D'où la nécessité des cycles de la nature qui régulièrement remettent les pendules à l'heure du temps zéro, du commencement, de l'information dans sa perfection. Dans le monde humain, le nouveau est la production de l'intention et de la conscience attentive. L'ancien, l'habituel, le déjà connu se répètent quasiment sans effort, mais parce que tout ce qui existe dans le monde matériel subit la nature chaotique de la matière, ils finissent par se dégrader. Dans la répétition automatique née des moeurs, de l'habitude, la temporalité est celle du temps dégradatif, comme l'explique Platon dans le Timée, oeuvre qui a beaucoup inspiré aussi bien les hermétistes antiques que ceux de la Renaissance. LE NOMBRE I CONTIENT EN LUI TOUT LE POTENTIEL DU GRAND SOI (LA LEMNISCATE) Le Nombre I est tout petit. C'est l'unité minimale. Et pour les joueurs, l'Atout I, LE BATELEUR est le moins puissant de tous. Il en est de même pour les As, la plus petite Carte numérale. Et en même temps, le Nombre I se trouve terminer le XXI, l'Atout le plus puissant. Et les As ont une iconographie qui manifeste la plus grande puissance. Ils sont plus puissants que les Rois dans le jeu de Bataille par exemple. Ce sont d'excellents candidats pour former le Cinquième Honneur, à la droite du Roi, sous l'influence et la maîtrise du PAPE, celui qui marque le territoire du sacré. D'où la coiffe du BATELEUR en forme de lemniscate. C'est le symbole de l'infini du fait que le mouvement qui passe d'une boucle à l'autre n'a aucune raison de s'arrêter. Sur le Centre de la lemniscate repose le I, ce point minuscule qui fait la liaison entre la gauche et la droite, entre le passé et l'avenir, le féminin et le masculin, la Terre et le Ciel. Dans le Nombre I se trouve l'idée d'une Unité radicale, d'un Soi qui ne peut jamais se perdre, d'une singularité d'être qui signe l'unité de chacun et qui a la puissance de réconcilier les contraires. Dans LE BATELEUR est contenu - en potentialité - la totalité de l'aventure humaine : il incarne le petit Soi qui est destiné à devenir le grand Soi qu'est LE MONDE. LA PLACE DU NOMBRE I ET LE PANTHÉISME DES HERMÉTISTES DE LA RENAISSANCE Pour lire la suite, c'est ici .
- LE DIABLE-Atout XV (Accès étudiant)
Tarot Conver, Éditions Y. Reynaud











