L'HERMITE ou l'archétype du Vieux Sage et l'attribut manquant : le Livre du destin
Rien n'est plus précieux, pour le tarologue désireux de comprendre la signification hermétique du Tarot, que le travail de compilation des symboles oniriques, qu'a fait Georges Romey, durant une petite vingtaine d'années, en étayant ses recherches sur son travail de thérapeute en Rêves Éveillés Libres. Parmi ces symboles, on retrouve les archétypes, tels que Jung les a lui-même récoltés de part sa connaissance des rêves, de la mythologie, des contes et du travail d'analyse qui l'a emmené du côté de l'inconscient collectif.
LE Dictionnaire de la symbolique des rêves permet de saisir le sens de bien des symboles qui se trouvent dans le Tarot et que l'intuition consciente corrobore souvent. Lire ce que représentent, pour les rêves, et que ceux-ci soient faits lors d'une cure ou durant la nuit, tel symbole dont Georges Romey expose la signification, démontre si besoin était à quel point les créateurs du Tarot ont eu accès à une connaissance de la symbolique humaine qui dépasse de loin tout ce qui est parvenu jusqu'à nous en matière d'exposé théorique jusqu'à l'entrée en scène du travail de G. Romey. Il est rare en effet que l'analyse des symboles dans le Dictionnaire de Georges entre en contradiction avec ce que le Tarot nous dit, par ses Nombres, ses iconographies, par les désignations des différentes Cartes et par la place que chacune occupe au sein de l'Organisation holistique du Tarot. Aussi, quand la lecture d'un symbole et a fortiori d'un symbole archétypal ne correspond pas exactement à ce qu'en dit le Tarot, notre attention s'éveille tout particulièrement.
Or, c'est le cas, du moins en apparence, entre la représentation que le Tarot se fait du Vieux Sage et l'un des instruments qui permettent d'en authentifier la nature, et tel qu'on le voit apparaître dans le Tarot.
Voici ce que dit le Dictionnaire de la symbolique des rêves lorsqu'il présente le Vieux Sage :
"De quelles régions profondes de l'être ce personnage surgit-il ? De quelles couches mystérieuses de la conscience collective ? Il n'est pas d'un lieu que l'on puisse situer... il est présent dans l'éternité et ne se manifeste qu'en des occasions exceptionnelles. Le vieillard est l'archétype de la sagesse, liée à la Connaissance universelle. Sa présence témoigne de l'existence d'un sens de la vie qui demeure inaccessible à l'entendement humain. Le vieux sage sait et ne parle pas. Lorsqu'il prononce des paroles, elles ne sont pas compréhensibles à la raison ordinaire. S'il propose au rêveur privilégié de consulter le Livre dans lequel sont tracées les données du destin, c'est pour le convaincre de renoncer à le connaître ! (...) / Il s'agit, très généralement d'un homme très âgé, portant barbe ou cheveux blancs, qui semble vivre d'une vie totalement autonome, loin des faits du monde. Ses attributs les plus fréquents sont, dans l'ordre, la longue barbe, la bougie, le Livre du destin, le bâton et les moutons ou les chèvres. Cette énumération laisse deviner que le vieillard revêt souvent l'apparence d'un pasteur, d'un berger ou d'un pèlerin."
Pour ceux qui connaissent le Tarot, cette description nous conduit tout droit du côté de L'HERMITE. Nous y voyons un vieil homme, sans doute un pèlerin, qui possède cheveux et barbe sinon blancs du moins gris, tenant dans la main une lanterne éclairée sans aucun doute d'une bougie, et qui tient, de sa main droite, un bâton de sagesse rouge et ondoyant. Il ne s'agit nullement pour ce dernier emblème, d'une arme ou d'un sceptre de pouvoir, mais bien de l'objet symbolique qui accompagne le Vieux Sage tel qu'il apparaît dans les rêves en tant qu'archétype universel, c'est-à-dire d'une verticalité faite en bois naturel qui relie la Terre au Ciel. Ce bâton de sagesse est rouge, car nourri de l'expérience de la vie comme si le sang qui a soutenu l'expérience du Vieux Sage avait déposé, en lui, sa force vivace et sa couleur. Nous avons là, un pasteur d'homme qui ne peut être, dans le Tarot qui s'inspire de la sagesse hermétique, qu'un philosophe au sens où à la Renaissance on entendait ce mot : un philosophe qui possède une vision du réel fondée sur l'unité intérieure et l'unité avec le monde. L'HERMITE a tous les attributs du Vieux Sage des rêves, sauf peut-être le plus important de tous : le Livre du destin.
Le Livre du destin est un attribut de LA PAPESSE et non de L'HERMITE
Là encore, le travail de Georges Romey se révèle un trésor précieux dans lequel le tarologue puise, pour comprendre la signification de ce symbolisme universel qu'a ou qu'ont voulu fixer son ou ses créateurs dans cet étrange objet qu'est le Tarot de Marseille. Le Livre en effet n'intervient pas dans les rêves sans endosser une signification archétypale, et il y a tout lieu de croire qu'il en est de même dans le Tarot. Il engage, affirme le Dictionnaire de la symbolique des rêves, "les couches les plus profondes de la psyché universelle". Voici en quelques lignes, le substrat essentiel de son message :
"Le livre du rêve est toujours un volume imposant, ancien, précieux par son apparence et par son contenu. Il est le dépositaire d'une histoire achevée, d'une mémoire qui se souvient alors que tout semble oublié ; il est le détenteur d'un avenir qui se dérobe à l'entendement du rêveur. Comme le Vieux Sage, le livre parle du destin. Il y a toujours dans les rêves où défilent ces pages un éveil de la psyché, la fin d'une léthargie de la conscience qui s'anime et retrouve le plaisir de l'évolution. / Le Livre du rêve est toujours le support d'une connaissance sacrée. Il ne se rencontre d'ailleurs pas n'importe où. Le sacré, c'est ce qui est séparé, ce qui est réservé à celui dont la disposition à réaliser le cheminement intérieur est authentique. Les pages lues sont les jours enfuis, le passé chargé de mots morts et de mots vivants... Les pages qui restent à lire sont indéchiffrables... nul ne connaît leur contenu, nul ne sait leur nombre. Elles représentent l'imprévisibilité du destin. (...) Dans la très grande majorité des situations, le Livre imaginaire figure le temps. Il porte la charge de toutes les époques de la mémoire individuelle et collective et, de ce fait, détient le sens profond des choses de la vie, inaccessibles à la raison qui bute sur les bornes de ses références."
Le Livre du destin ou du temps n'est pas entre les mains de L'HERMITE mais entre les mains de LA PAPESSE. C'est que la sagesse tarologique s'ancre dans une mythologie extrêmement ancienne dont la mythologie grecque porte le souvenir et dont certains rêves, plus rares, font encore état. Si dans les rêves éveillés libres compilés par Georges Romey, c'est en effet le plus souvent sous les traits du Vieux Sage, que le détenteur du Livre du destin se présente, certaines rêveuses et certains rêveurs vivent cette présence intérieure précieuse sous les traits d'une vieille Femme de sagesse. 15% des vieilles femmes qui apparaissent dans les rêves revêtent en effet selon les statistiques de Georges Romey ce statut exceptionnel. Elles sont les porteuses et elles transmettent une connaissance qui dépasse largement les acquisitions possibles de la conscience par la seule expérience. "La Vieille Femme est alors la réplique féminine de l'archétype du Vieux Sage" affirme Georges Romey, et on la reconnaît aisément à ses attributs qui sont les mêmes que ceux du Vieux Sage : Livre du destin, signes à la fois obscurs et compréhensibles et moutons l'accompagnent.
Nous l'avons dit et nous le redirons continuellement, le Tarot est une exception symbolique au sein d'un univers marqué par le patriarcat depuis des millénaires. Il témoigne de ce fait d'une distribution étonnamment équitable entre figures archétypales masculines et féminines. Aussi, y-a-t-il dans sa présentation du monde archétypal, une place pour la sagesse féminine, représentée d'abord par LA PAPESSE qui détient le Livre du destin, et qui sur ce plan complète l'expression masculine de la sagesse, L'HERMITE, figure du philosophe qui possède lanterne et bâton de sagesse. Qu'est-ce qui a conduit les occultistes et taromanciens des siècles passés, à faire de LA PAPESSE, une image de la vieille femme, sinon cette intuition qu'on trouve aussi dans certains rêves qu'il existe un équivalent féminin au Vieux Sage ? Ce qu'ils ont senti, intuitivement, c'est que LA PAPESSE était une vieille femme parce qu'une Vieille Sage et dès lors pas tant la compagne du PAPE que l'équivalent féminin de L'HERMITE.
LA PAPESSE et les trois Moires grecques
LA PAPESSE n'est pas tant une vieille femme qu'elle est sans âge, car son savoir relève de tout autre chose que du temps compté. Elle vit, elle et son Livre, à l'heure de l'éternité, et c'est pourquoi elle connaît tout du destin de chacun. Si le Tarot et la philosophie hermétique qui en est l'inspiration attribuent le Livre de la sagesse à LA PAPESSE et non à L'HERMITE, c'est parce que le destin est depuis toujours et dans presque toutes les cultures, du moins avant l'abrasement culturel que représenta le monothéisme, une affaire de divinités féminines.
Le destin relève en effet dans le monde symbolique des rêves du filage et du tissage qui fut durant des millénaires et des millénaires l'affaire des femmes. La culture greco-latine qui est l'une de nos racines culturelles avait attribué cet art du filage et du tissage de la destinée à trois soeurs, appelées Moires chez les Grecs et Parques chez les Romains. Filles de Nyx, la déesse Nuit, Clotho, Lachesis et Atropos président au destin des humains et des dieux. Elles possèdent un savoir et une sagesse qui ne se laissent pas enfermer dans le logos de nature masculine et qui, dès lors, a toujours été senti et continue dans les rêves à être senti comme essentiellement féminins. Le Livre de LA PAPESSE où s'inscrit la destinée ne relève pas, en effet, de la connaissance causale ni de la nécessité naturelle que les sciences modernes étudient. Il recèle le savoir nécessaire pour découvrir un sens de la vie qui n'est pas accessible au logos masculin. Le Vieux Sage qui se situe lui-même au-delà du logos ne parle pas, parce que ce qu'il transmet, et qui a longtemps été l'affaire des déesses, ne se communique pas par des mots, ni par l'analyse rationnelle du réel, mais se saisit par intuition.
Au sein de la mythologie grecque, les Moires sont présentées comme des puissances très archaïques, avec un pouvoir féminin supérieur à celui, patriarcal, des dieux de l'Olympe puisque ces derniers sont soumis, comme l'est aussi l'humanité, au destin. Clotho, la fileuse, était représentée avec son fuseau ou son rouet, car c'est elle qui tire le fil de la vie dont la longueur est décidée par Lachésis qui, pour cela, consulte le Livre du destin pour en déterminer la longueur. Et c'est enfin, la vieille et redoutée Athropos qui coupe le fil de la vie et décide de la mort de chacun. Pour qui s'intéresse un tant soit peu à la mythologie antique dont les créateurs du Tarot étaient très manifestement nourris, le Livre qui repose sur les genoux de LA PAPESSE, n'est autre que le Livre du destin, c'est-à-dire le Livre de Lachésis. LA PAPESSE apparaît alors clairement comme la réunion en Une des trois Moires antiques, retrouvant une intuition antérieure à la triangulation des trois soeurs. Lachésis était, en effet, au départ une seule déesse, celle du destin avant de se diviser en trois Moires.
Mais LA PAPESSE possède encore un autre attribut essentiel : son voile, et dit dès lors autre chose encore que cette référence à Lachésis et aux Moires grecques.
Le voile de LA PAPESSE et la Toile du destin
Parmi les objets qui accompagnent LA PAPESSE et donnent à ce personnage sa place singulière au sein du Tarot, il y a ce mystérieux voile qu'on a trop vite fait souvent de réduire à sa fonction d'envoilement, faisant de cet Atout II, l'Atout de ce qui est caché, invisible aux yeux du commun, en germination. Si cette signification est tout à fait valide, il ne faut pas oublier que le voile au départ n'est rien d'autre qu'une étoffe, le produit du travail de tissage qui était celui des femmes depuis des millénaires et qui a duré des millénaires. LA PAPESSE est dès lors l'Atout de la grande tisseuse.
Le voile, le tissu, l'étoffe sont les produits de l'activité artisanale féminine la plus ancienne qui existe. Les historiens l'affirment, en effet, dès le IIIe millénaire avant J.-C., les femmes filaient et tissaient déjà sur de grands métiers verticaux, confectionnant les premières étoffes de laine. Le voile de LA PAPESSE rappelle au monde moderne que l'une des signatures de l'humanité de l'être humain réside dans ce savoir-faire ancien des femmes qui a habillé les êtres humains et les a protégés des inconforts climatiques, tout en préservant ce qui définit en grande partie leur humanité : leur pudeur. La fabrication de plus en plus complexe de tissus de couleurs a d'autre part participé à l'élaboration de l'identité culturelle singulière de chaque communauté, tout en manifestant des hiérarchies et des statuts sociaux.
Le tissage est très vite devenu une activité de haute valeur et entrait dans le monde des symboles, même si la phallocratie des Grecs de l'Antiquité a très vite conduit à donner un sens masculin à l'activité du tissage. Platon voyait en lui le paradigme de l'activité royale, car le bon roi devait savoir lier ensemble la diversité des caractères pour qu'ils s'accordent. De la qualité de ce tissage politique du roi découlait, selon lui, la qualité de la sociabilité qui liait les membres de sa communauté. Or pour les hermétistes alexandrins, comme pour les Égyptiens qui les précédèrent, le roi avait un rôle intermédiaire entre les hommes et les dieux. Le tissage est donc apparu dès l'Antiquité comme une activité ayant une grande valeur métaphysique, et qui devait trouver dans le Ciel son équivalent.
Les temps modernes, résultat d'environ deux millénaires de patriarcat, ont oublié cette fabuleuse contribution des femmes de la fin de la préhistoire et de l'Antiquité à l'édification de ce qui fait notre humanité. Aussi, le voile de LA PAPESSE ne parle plus aux amateurs du Tarot que comme un objet signalant le secret ou l'invisible. Le voile cache, disent-ils, le savoir qui ne peut appartenir qu'aux initiés, ou encore ce qui couve, mais n'est pas encore assez mûr pour paraître au monde. Mais le voile possède une autre signification, en lien avec le Livre qui est placé ouvert sur les genoux de LA PAPESSE. Il signale que cette dernière est en lien non seulement avec le Livre du destin où tout ce qui est arrivé, arrive et doit arriver est écrit, mais aussi avec la Toile du destin, voile semblable à celui qui est tissé par les Nornes, ces Moires nordiques.
Et ce voile de LA PAPESSE nous rappelle que le temps qui se déroule sous nos yeux d'êtres humains s'inscrit d'abord dans le temps indécomposable de l'éternité. Dans cette éternité cependant le tissage déroule tous les événements et les êtres existants pour les lier dans une trame qui est celle du destin. C'est précisément la première signification du Voile qui trône derrière LA PAPESSE rappelant que la sagesse première du Féminin s'enracine dans une activité féminine à la signification sacrée : la grande Déesse, Araignée divine, est aussi la grande tisseuse du destin de tous les existants, tous pris dans sa toile infinie, tous arrangés de telle sorte que le fil de leur vie compose l'immense existant qu'est le monde tout entier.
LA PAPESSE est aussi la grande Tisserande-Déesse-Mère-Terre et sa Toile n'est autre que ce que la mythologique nordique désigne sous le terme du "Wyrd"
LA PAPESSE est en lien avec les pouvoirs de la Déesse dont le culte existait avant l'arrivée des dieux patriarcaux, et cette déesse était pensée comme la Grande Tisserande du réel.
Les dieux patriarcaux et plus encore les dieux monothéistes ont cherché à limiter puis à détruire la connexion qui, durant plusieurs centaines de millénaires ont existé entre les femmes et ce que Starhawk, la plus célèbre représentante du néo-paganisme et de l'éco-féminisme états-unien, "le pouvoir et le savoir féminins du dedans". Nous revoilà du côté du Livre de LA PAPESSE et de son lien au Voile tissé derrière elle.
L'hermétisme auquel se rattachaient les créateurs du Tarot n'ignorait pas ce savoir et ce pouvoir, car cette doctrine n'est pas qu'une philosophie née de la Grèce antique. Elle s'enracine bien plus profondément dans la métaphysique égyptienne qui fait une place essentielle à la magie.
LA PAPESSE en tant qu'Atout II nous dit clairement en quoi consiste ce savoir qui prend la forme du Livre archétypal sur ses genoux : la connaissance sacrée qu'il délivre n'est autre que la connaissance du tissu d'énergie, d'événements, et d'existants dont est tissée la réalité. Cette dernière, comme le révèle la physique quantique qui, bien que née en tant que pointe ultime du savoir du dehors, rejoint l'antique savoir des femmes, est tissée comme une immense toile de l'araignée. La réalité profonde est faite de liens, de noeuds et des fils entrecroisées que forment toutes les existences qui la composent et qui agissent les unes sur les autres dans un équilibre parfait en tant qu'immense toile où se joue le fil de la vie de chaque existant, sa destinée et le moment où il doit disparaître.
Ce voile qui surplombe le personnage de LA PAPESSE et qui rappelle son lien à la Grande Tisserande est une intuition du réel dans son lien au Féminin sacré qui existe aussi dans d'autres cultures. Il nous emmène du côté de cet objet symbolique qui appartient à la mythologie nordique : le Wyrd, la Toile du destin, produit par les Nornes, avatar nordique des Moires grecques ou des Parques romaines. Vivant à l'ombre d'Iggdrasil, l'Arbre-monde qui est établi au centre du Cosmos qu'elles arrosent avec l'eau du puits d'Urdd, les Nornes tissent la Toile du destin où chaque être existant dans le monde est représenté par un fil. Et on retrouve une intuition similaire dans la représentation hindouiste de la Lilâ et du voile de Mayâ, même si l'illusion que contient ce dernier concept reste très éloigné d'un hermétisme qui s'enracine au contraire dans un hermétisme profondément immanentiste : la réalité divine n'est pas dans un au-delà inaccessible et d'une transcendance qui n'en finit pas de s'éloigner de la Terre. Elle est immanente à la nature telle qu'elle existe depuis le commencement des temps. Et c'est cette immanence que les filles de la Déesse, les femmes de toujours doivent apprendre à retrouver en elles-mêmes.
LA PAPESSE est l'archétype de la magicienne
Avant de pouvoir se traduire dans le tissage conscient et volontaire du pouvoir magiste des grandes magiciennes et prêtresses, prophétesses et devineresses de l'Antiquité et parmi les plus grandes d'Isis, la déesse égyptienne révérée dans tout le pourtour méditerranéen de la fin de l'Antiquité, ce savoir-du-dedans est cet instinct qui conduit les oiseaux à ne jamais se tromper d'heure ou de chemin dans leur migration, à prévoir les tempêtes comme aucun météorologue n'en serait capable, et qui permet aux abeilles de construire des ruches d'une complexité architecturale exemplaire. Ce savoir-du-dedans de la nature existe sans doute, à l'état latent en chaque être humain, mais il existe tout particulièrement chez les femmes qui sont liées à la nature et aux cycles lunaires par leurs règles, et à l'ensemble du monde végétal par leur pouvoir procréateur et, comme l'explique le philosophe Bergson, il prend la forme de l'intuition au sein de l'humanité, c'est-à-dire d'une conscience supérieure.
Ce savoir-du-dedans est fort différent du type de savoir qui découle de l'intelligence déductive qui saisit le monde en terme de causalité mécanique. Ce dernier relève du logos, du langage et de la partie mâle de l'humanité, plus volontier agissante et technicienne. C'est à la connaissance féminine du dedans cependant que se rattache le pouvoir magiste qui fut si important dans l'Égypte antique et qui a perduré, dans la société occidentale, sous la forme de l'alchimie, envahissant de nouveau l'espace intellectuel de la Renaissance qui a vu naître le Tarot. Cette connaissance intuitive ne consiste en aucune autre chose qu'en la connaissance des tissages d'énergie qui traversent toutes choses et font se mouvoir chaque être en harmonie avec tous les autres. C'est, selon Starwhak, ce savoir intuitif des femmes qui les met en lien à la Déesse Vie-Nature-Terre, un savoir d'araignée et de tisserande. Écoutons-la parler de sa propre expérience de la magie naturelle et comment l'araignée et la tisserande ont été ses modèles lors de son apprentissage de la magie naturelle :
"Ainsi je parle de la Déesse comme d'une tisserande, une araignée, et je commence à faire attention aux araignées qui tissent leurs toiles dans les coins. Je fais l'expérience de la toile comme un rythme de fils et d'espace. Je vois qu'il y a des noeuds et des vides, et que le jeu de la matière et de l'espace donne à toute la toile une tension, la rend à la fois robuste et élastique, un ressort. Je médite sur la toile et c'est cette sensation de robustesse que je retiens, que je savoure, que j'incorpore jusqu'à être capable de la rappeler à volonté. Je cherche dans ma propre vie ces noeuds, ces espaces - dans les mots, dans les relations -, et connaître la sensation de la toile me donne le pouvoir d'être capable de sentir la même robustesse dans les noeuds et les espaces de ma vie. / Et parce que l'araignée, la toile sont réelles et contiennent toute la richesse de la réalité, elles peuvent, d'autres jours, me donner d'autres pouvoirs. En regardant l'araignée extraire les fils de son propre corps, je peux apprendre à extraire des cordes d'énergie de mon propre corps, à les tisser dans de nouvelles formes ; à extraire des mots de ma tête, de mes mains - pour tisser cette page."
Ce qu'explique Starwhak, dans Quel Monde voulons-nous ?, c'est à quel point le pouvoir magiste est contenu dans la saisie, en soi et autour de soi, du flux des énergies, et comment l'apprentissage du tissage de ces flux est essentiel. C'est ce que rappelle la Toile de LA PAPESSE qui est une grande magicienne, et c'est de manière inspirée que Court de Gébelin puis les deux créateurs du tarot anglais, le Rider, A. Waite et P. Colman-Smith, l'ont identifié à la déesse égyptienne et herméticienne, Isis.
LA PAPESSE, l'Isis du Rider, et ses inspirateurs, les occultistes français du XVIIIe siècle
Puisqu'il y a un lien évident entre le travail de tisserande et le pouvoir des magiciennes, l'iconographie de l'Atout II du Rider nous semble fidèle à l'esprit du Tarot originel. L'une des plus grandes magiciennes de la culture occidentale est en effet la déesse égyptienne Isis, la déesse qui se joue de la mort en ressuscitant son époux Osiris par l'usage de ses pouvoirs de magicienne. Ces pouvoirs, elle les doit à sa ruse de femme, puisqu'elle les a obtenu du dieu solaire Râ, un vieux dieu qu'elle a trompé à ce dessein.
Le Rider, ce Tarot anglais du XIXe siècle qui est la source de la recréation permanente du Tarot à laquelle nous assistons dans les pays anglo-saxons a manifestement été influencé par l'interprétation que firent les occultistes français du siècle précédent de l'Atout II, et à commencer par Court de Gébelin, ce franc-maçon et mythologiste qui redécouvrit, le premier au XVIIIe siècle, le caractère symbolique des Cartes de Tarot qu'il voyait entre les mains des joueurs chez son amie Mme d'Helvétius.
Voici ce que dit Court de Gébelin de LA PAPESSE dans Le Monde primitif :
"Grand-Prêtre et Grande Prêtresse. / Le numéro V représente le Chef des hiérophantes ou le Grand -Prêtre, le numéro II, la Grande-Prêtresse ou sa femme : on sait que chez les Égyptiens, les Chefs du Sacerdoce étaient mariés. Si ces Cartes étaient de l 'invention des modernes, on n'y verrait point de Grande-Prêtresse, bien moins encore sous le nom de Papesse, comme les Cartiers allemands ont nommé celle-ci ridiculeusement. / La Grande Prêtresse est assise dans un fauteuil : elle est en habit long avec une espèce de voile derrière la tête qui vient croiser sur l'estomac. Elle a une double couronne avec deux cornes comme en avait Isis. Elle tient un Livre ouvert sur ses genoux ; deux écharpes de croix se croisent sur sa poitrine."
Court de Gébelin a mis l'accent sur le couple que forme, dans le Tarot, LA PAPESSE et LE PAPE. Ce sont deux sacrificateurs, l'une étant la représentante du Féminin sacré, l'autre du pouvoir sacrificiel mâle, dans leur lien au divin. Remarquons au passage la déformation systématique qu'opèrent les esprits marqués par des millénaires de patriarcat : bien que le Tarot commence avec LA PAPESSE qui est du nombre II, le titre démarre par le Grand-Prêtre qu'est l'Atout V. Si d'autre part, Court de Gébelin ne va pas jusqu'à nier la place de cette sacrificatrice à qu'il il assigne le nom de Grande Prêtresse que reprendra le Rider, il se dépêche de la marier au Grand-Prêtre que le Rider désignera sous le nom plus mystérieux de "Hiérophante" parce que l'étymologie du grec "hiéros" met l'accent sur le caractère sacré de ses activités. Il est intéressant de remarquer que le hiérophante était un prêtre grec qui officiait précisément au sein des Mystères d'Éleusis, consacrée à la relation d'amour qui unissait Démeter et Perséphone, et qui, dans le Tarot, se traduit par le lien que le Nombre II établit entre LA PAPESSE et L'ÉTOILE. Pourtant c'est très clairement que LA PAPESSE apparaît comme première dans le Tarot, et en aucun cas sous un joug quel qu'il soit, marital ou hiérarchique du PAPE. Son véritable complémentaire n'est ni LE PAPE avec lequel elle encadre le couple laïque de L'IMPÉRATRICE et de L'EMPEREUR, ni L'HERMITE avec lequel elle incarne une des deux figures de la Sagesse, mais LE SOLEIL comme le révèle l'addition numérologique du II et du XVIIII qui nous mène au XXI, le Soi.
Cette remarque de Court de Gébelin sur le lien qui existe dans le Tarot entre LA PAPESSE et LE PAPE a cependant un mérite : ils nous rappelle que LA PAPESSE n'est pas seulement le pendant féminin au Vieux Sage qu'incarne L'HERMITE au sein du Tarot, et dès lors la figure féminine de la Vieille Sage, le nom qu'elle partage avec LE PAPE révèle des fonctions religieuses et sacerdotales que n'a pas L'HERMITE qui a fait un pas de côté à l'égard des religions existantes comme tout hermétiste et philosophe digne de ces noms. Mais tout aussi incontestablement, cet Atout à la désignation malicieuse témoigne, comme le rappelle au demeurant Court de Gébelin, d'un Féminin sacré dont les monothéismes ont éradiqué les expressions et que, précisément, le Tarot espère restituer au monde.
La Grande Prêtresse du Rider se présente sous les traits d'Isis, la grande magicienne égyptienne, dont il faut rappeler aussi qu'elle avait sa place dans les oeuvres hermétiques tardives, puisque c'est elle qui, au sein de la Koré Kosmou, enseigne la doctrine hermétique à son fils Horus. Elle en a les symboles : la coiffe est celle de la déesse Hathor, la Déesse Vache qui nourrit le monde et qui porte sur sa tête les cornes qui encadrent le Soleil. Et de fait, si LE SOLEIL est dans le Tarot le complémentaire de LA PAPESSE, révélant par là que la sagesse qu'elle incarne doit être réchauffée à la faveur de la générosité solaire du plus élevé des Atouts de la Verticale des IIII dédiée à la mâlitude sacrée, elle est aussi, en réciproque, le complémentaire du SOLEIL qui ne peut lui-même parvenir à la réalisation du Soi ultime que figure LE MONDE qu'en se mettant en lien avec cette prêtresse d'une déesse originelle et tisserande que nos civilisations modernes ont oubliée.
À ses pieds, le croissant de Lune qui n'est pas sans rappeler que la Vierge, tout de Couleur Ciel vêtue, est un avatar historique de la déesse Isis dont les peuples n'ont pu abandonner le culte qu'en le métamorphosant et en le christianisant. Les grenades en arrière-plan rappellent le pouvoir de renaissance qui est le sien, elle qui a fait revenir Osiris des morts, et c'est aussi un symbole de renouveau de vie en lien à la déesse grecque des Mystères Perséphone que figure clairement L'ÉTOILE au sein du Tarot. Ces grenades semblent être peintes sur un tissu qui n'est pas sans rappeler l'étoffe qui surplombe LA PAPESSE originelle, celle du Tarot dit de Marseille, et qui est en lien à la Déesse-tisserande-araignée en tant que tissu fondamental de tous les fils de l'existence. Enfin, les deux piliers de Couleurs distinctes rattache La Grande Prêtresse du Rider au Nombre II et à cette dualité que représente LA PAPESSE du Tarot de Marseille, avec ses deux rubans croisés, et qui incarne la première au sein de la Seconde Verticale du Tarot symbolisant la première forme que prend la Manifestation. Car LA PAPESSE est double. Elle est la vieille femme, incarnation de la sagesse et du féminin sacré, détentrice du Livre du destin et de la Toile des existants, et elle est l'éternelle jeune femme qu'est L'ÉTOILE dont le nom a très judicieusement été transformé par les créateurs du Tarot en LE TOILLE. Si LA PAPESSE représente le savoir ancestral et essentielle des femmes, L'ÉTOILE est l'incarnation de ce ce savoir en acte.
Sur les genoux de LA PAPESSE, les créateurs du Rider ont nommé le Livre "Tora", influencés sans doute par Éliphas Lévi qui dans Dogme et rituel de haute magie, publié en 1854, et qui fut le premier à rapprocher le mot "tarot" qui vient pourtant du grec, du mot hébreu "Torah", renvoyant le Tarot aux enseignements divins que Yahvé aurait transmis à Moïse. Les lecteurs intéressés par l'énigme que représente l'origine du mot "Tarot" trouverons quelques éléments importants à ce sujet dans l'article que nous y avons consacrés, retenant simplement que ce mot de "Tarot" vient en réalité du grec "Tarros", les cinq doigts de la main, car il renvoie à cette mesure fondatrice pour la canne de l'architecte (ou canne royale) qu'était la main humaine. Ce nombre cinq et la distribution des Cartes du Tarot en quatre Mains est la clé qui ouvre le Tarot et en dévoile l'Organisation holistique de nature hermétique.
https://www.organisationholistiquedutarot.com/post/l-%C3%A9nigme-que-repr%C3%A9sente-le-nom-de-tarot
Mais, là où peut-être le Rider nous paraît trop infidèle à l'iconographie et au message du Tarot, c'est dans la vêture entièrement de bleu céleste dont sa Grande Prêtresse est vêtue. LA PAPESSE n'est pas un Atout du Ciel mais, au contraire, elle prend profondément assise, au sein du Tarot de Marseille, dans la matérialité.
LA PAPESSE et sa fille, ou son double : L'ÉTOILE
Considérer que le voile de LA PAPESSE est l'un des deux éléments de son iconographie qui la caractérise le mieux nous met encore en lien avec L'ÉTOILE dont nous avons vu, dans l'étude de l'Atout II, qu'elle avait un lien filial à LA PAPESSE, liées qu'elles sont par le Nombre II, ainsi que par le rappel de la mythologie, incarnant tout particulièrement ces amours maternel et filial qui liaient cette mère divine et sa fille au sein du culte des Mystères grecs qu'étaient Demeter, la Déesse des moissons et de la vie, et Perséphone, la Déesse du printemps.
Mais LA PAPESSE et L'ÉTOILE sont liées, aussi, par la notion de Toile, ce tissage dont elles partagent le secret. Le nom en effet de l'Atout XVII a une écriture particulière qui renvoie à ce tissage : LETOILLE peut en effet s'entendre comme La Toile, cette fameuse étoffe qu'on trouve en haut de l'Atout II et qui résume la magie dont l'univers est tissé. Si LA PAPESSE incarne le savoir du dedans, L'ÉTOILE représente le type de pouvoir en action qui est issu de ce savoir : en répandant l'Eau du Ciel dans les eaux de la Terre, elle tisse un lien indéfectible entre le Ciel et la Terre, et réunit ce qui a été séparé par la Manifestation et l'advenue du nombre Deux par quoi a pu surgir la Manifestation.
Le trio la sagesse au féminin au sein du Tarot : LA PAPESSE, La Sphinge et L'Atout XIII
Deux autres personnages féminins incarnent la sagesse au féminin, au sein du Tarot de Marseille : la sphinge de l'Atout X et la Dame-Mort en marche, ce squelette vivant de l'Atout XIII. Toutes les deux sont en lien de voisinage avec L'HERMITE. La première est à sa droite, la seconde est à sa diagonale supérieure. Toutes les deux représentent la vieille femme, et cela au moins autant sinon plus que LA PAPESSE qui semble hors du temps plutôt que véritablement âgée.
Cette dernière porte cependant ce trio de sagesse sur sa coiffe à trois cercles rouges. D'une certaine manière, elle, qui possède le Livre du destin, contient en elle cette gardienne du seuil qu'est la Sphinge de la Roue de Fortune et la femme squelettique qui se trouve représentée dans l'Atout XIII. Ces Cartes en effet représentent les trois Niveaux de sagesse en lien aux trois premiers Niveaux (ou Mains) d'Atouts. La même couleur rouge qu'on voit sur les cercles de sa coiffe, se retrouve dans l'épée de la sphinge et dans la faux de Dame Mort de l'Atout XIII. La sagesse en trois étapes de LA PAPESSE est en effet une sagesse du sang, du sang accordé par la vie, du sang perdu dans les règles des femmes, du sang répandu dans la violence parfois. Si elle a cependant sa place dans la quatrième Main, c'est à condition de se transformer en L'ÉTOILE qui, au sein du Tarot, est aussi bien sa fille que son double supérieur.
Il n'est pas lieu ici d'examiner toute la richesse de LA ROUE DE FORTUNE, retenons ici simplement ce qui concerne le personnage dominant et stable dans sa posture et ses assises que représente la sphinge armée d'une épée rouge sang. Cette dernière garde l'entrée du Ciel que représentent les dix derniers Atouts avant LE MONDE. Et pour cela, elle pose une question au postulant. Cette question est bien connue, car l'oeuvre du tragique grec Sophocle l'a immortalisée : "quel est être, pourvu d'une seule voix, a quatre jambes le matin, deux à midi, et trois le soir ?" La réponse d'Oedipe lui a permis de vaincre ce gardien du Seuil qui lui interdisait l'entrée de sa propre demeure natale, même s'il ignorait alors qu'il entrait en cette demeure en arrivant à Thèbes : il s'agit de l'être humain. Pour être un être humain digne de ce nom, il faut sortir de l'animalité héritée à la conception en tant qu'individu de l'espèce vivante qu'est l'espèce humaine. Il lui faut dès lors cesser de marcher à quatre pattes et relier le Ciel et la Terre par sa posture verticale sur deux jambes. Mais à cet exploit ne s'arrête pas le destin de sagesse de l'humanité : il lui faut se montrer digne du bâton de sagesse qui souvent, mais pas toujours, vient avec l'âge, et ce n'est pas pour rien que L'HERMITE précède LA ROUE DE FORTUNE, car sa sagesse est nécessaire pour entrer dans le Ciel des Atouts du Tarot dont la Sphinge garde l'entrée.
La sphinge n'est pas à confondre avec le sphinx qui est un personnage masculin et égyptien, tandis qu'elle est grecque et féminine. Le sphinx représente le mystère métaphysique que le logos tente toujours d'approcher. La sphinge qui a une poitrine de femme, un corps de lionne et des ailes de chauve-souris est l'une des représentantes, dans l'imaginaire grec antique, de l'inquiétant savoir des femmes et se tient aux côtés des sirènes à la voix enjôleuse et dangereuse, de calypso, la déesse qui retient Ulysse loin de sa patrie, des harpies aux instincts dévoreurs et vengeurs, des gorgones au regard pétrifiant, mais aussi aux trois Moires et à bien d'autres êtres inquiétants encore et qui sans doute incarnent un pouvoir féminin effrayant. Ce sont toutes des représentations de la femme sauvage telle que la décrit Clarissa Pinkola Estés dans Femmes qui courent avec les loups. Elles inarnent tout ce qui, dans l'Âme du monde qui est déesse et femme, terrifie les hommes, de par son caractère indomptable et sauvage. Mais elles sont, pour ceux qui osent les affronter, de remarquables initiatrices.
Dans le Tarot, la sphinge ouvre la porte du Ciel intérieur. Elle possède la puissance des lionnes et la sagesse de la chauve-souris qui incarne, symboliquement, le renversement du point de vue. Elle n'est terrifiante qu'à l'égard de ceux qui ne sont pas dignes d'entrer dans le Ciel du Tarot.
La seconde acolyte de LA PAPESSE en matière de sagesse au féminin, c'est la terrifiante Dame-Mort qui avance avec sa faux et qui coupe mains et têtes, marche sur elles, et les enfonce dans la Terre-mère, les incorporant à une nature matricielle noire d'où la vie resurgit. Quoi de plus effrayant que la mort qui non seulement nous enlève tout ce que nous aimons, mais menace aussi notre propre existence... Cet Atout ne parle pas de l'Au-delà cependant, elle laisse cela aux métaphysiciens et aux croyances religieuses. Elle met simplement en scène l'un des deux grands pouvoirs de la Déesse Mère-Nature-Gaïa qui, dans le Tarot holistique, surplombe l'Atout XIII par la représentation de la Lune aux deux maisons, la première représentant le pouvoir de vie et la seconde le pouvoir de la mort. Ce que nous apprend cette Mère divine qu'est la Dame Mort, et qui est si vieille qu'elle ne possède plus que les os pour la représenter, c'est que la vie biologique, la vie de la biosphère n'est possible que par le pouvoir de la mort qui, sans cesse, recycle ce qui a perdu cette énergie vitale que les Grecs de l'Antiquité désignaient sous le nom d'Aiôn, et cela pour nourrir de nouvelles existences. La sagesse qu'enseigne Dame Mort est rude. C'est la sagesse des os, la sagesse du squelette, la sagesse ultime, quand il ne reste plus rien des faux-semblants psychiques.
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