LA CLÉ DU TAROT ET POURQUOI ELLE EST RESTÉE SI LONGTEMPS INTROUVABLE (accès libre)
- Hem Elbée
- 28 févr.
- 24 min de lecture
Dernière mise à jour : 2 avr.

L'HISTOIRE DU TAROT ET LES RAISONS DU MYSTÈRE PROLONGÉ QU'IL REPRÉSENTE
Le Tarot est un Livre en images gravées sur bois, probablement produit pour la première fois en pleine Renaissance italienne, à Naples, et plus précisément à la Cour du Duc Ludovic Sforza, ce que démontre le fait que six Cartes datant du XVIe siècle ont été retrouvées, au début du XXe siècle, dans le puits du château des Sforza à Milan.

Il y avait cinq Cartes Numérales et un Atout, LE MONDE, appartenant à un Tarot visiblement déjà semblable à lui-même. Le Tarot de Marseille devrait, de fait et en réalité, être appelé "Tarot napolitain".
Ce Tarot originel fut créé à l'imitation des jeux de cartes princiers de l'époque dont le plus célèbre est le Visconti-Sforza, mais en en étant suffisamment transformé pour devenir un testament, légué à la postérité par une élite d'artistes et d'intellectuels qui avait été invitée à la Cour du Duc Ludovic Sforza, et dans laquelle on trouve Léonard de Vinci, Luca Pacioli et Sandro Botticelli.
Dissimuler un message essentiel, celui de toute leur philosophie, dans un jeu de Cartes permettait à cette élite d'échapper aux mesures de rétorsion d'une Église de Rome alors de plus en plus censurante et, surtout, de plus en plus violente dans son usage de l'Inquisition, sa police religieuse.
Ce testament hermétique en apparence anodin et laissé entre les mains des joueurs de Cartes, a sans doute ensuite et très vite émigré en France où se trouvent les plus anciens jeux complets de Tarot qu'on a pu conserver.
Le Duc Ludovic Sforza avait en effet été fait prisonnier par l'armée française. Il n'aurait sans doute pas été étonnant qu'il ait emmené, avec lui, un jeu de Cartes fait par les artistes de sa Cour.
Il est possible aussi que ce soit Léonard de Vinci qui l'ait pris en France, lorsqu'il est parti d'Italie pour rejoindre François 1er.

On sait en effet que Léonard de Vinci aimait conserver ses propres oeuvres, et qu'il avait emporté avec lui certaines de ses oeuvres les plus précieuses, dont le tableau de La Joconde, La Sainte Anne qui présente la Vierge marie assise sur les genoux de sa mère et regardant l'Enfant Jésus s'échapper de ses bras pour jouer avec un agneau, et le Saint Jean Baptiste.
Et il est probable, aussi, que le sens profond du Tarot n'ait pas encore, alors, été perdu, et ait accompagné ceux qui l'ont emmené en France, car les cartiers français ont scrupuleusement conservé l'esprit du Tarot devenu depuis "de Marseille". Et puis, en France même où il perdura en tant que jeu de cartes... il finit par être oublié.
Quand Court de Gébelin, en plein siècle des Lumières, le redécouvre, c'était un jeu qui venait, selon lui d'Allemagne ou d'Italie.

Spécialiste de la symbolique et de la mythologie, quand Court de Gébelin découvrit le Tarot de Marseille, il pense qu'il s'agit d'un Livre en image qui met en scène une doctrine venue d'une Tradition égyptienne oubliée.
Lorsqu'il le met alors sur le devant de la scène auprès du public français, en le présentant dans le huitième volume de son Monde primitif, Il a le sentiment de faire une radicale découverte, car il n'en avait encore jamais entendu parler. Le Tarot était alors revenu sur les tables des joueurs français, après avoir émigré en Suisse et en Allemagne.
Qu'était-ce donc que cet extraordinaire jeu où se reconnaissaient tous les symboles que lui avait enseignés la loge maçonnique à laquelle il appartenait ?
Court de Gébelin projette beaucoup sur le Tarot et commence à le transformer. Il ouvre alors la porte aux fantaisies occultistes et taromanciennes qui allaient suivre durant deux siècles.
Le Livre en image qu'est le Tarot de Marseille a, en effet, conservé son mystère jusqu'à nos jours.
Il a résisté aux efforts d'élucidation multiples de la part des occultistes qui, à la suite de Court de Gébelin, s'en sont emparés, parce qu'ils sentaient qu'il recelait une signification symbolique, de nature initiatique.
Les occultistes furent incapables de retrouver ce qui, dans le Tarot, aurait pu conduire les amateurs à en comprendre le message : son Organisation holistique qui fait de lui un ensemble parfaitement cohérent où les Cartes, par leurs iconographies, leurs nombres, leurs désignations et leurs places sont en relation précise les unes avec les autres.
Il est pourtant impossible d'ouvrir le Livre du Tarot si on ne tient compte ni des règles du jeu de Tarot telles que longtemps, les joueurs, les avaient possédées et encore moins ni si l'on ne cherche pas à résoudre les nombreuses énigmes qui s'égrènent tout au long du jeu et qui ne sautent aux yeux que de qui s'est longuement plongé dans le Tarot sans accepter comme argent comptant les interprétations des occultistes et des taromanciens.
Impossible de comprendre le Tarot de Marseille non plus si on ne le replace pas dans le contexte historique de sa création et qui est celui de la Renaissance italienne.
Trop souvent et durant trop longtemps, le Tarot a subi des interprétations arbitraires plaquées sur un jeu qui n'était pas assez appréhendé par et pour lui-même.
Trop souvent aussi les amateurs se sont permis de transformer le Tarot de Marseille, éloignant, pour les amateurs, leur chance d'en comprendre son message.
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Tout commence avec Court de Gébelin qui transforme le nombre global de Cartes en soixante-dix-sept, parce qu'il voulait à tout prix lire le Tarot de Marseille à travers un multiple du nombre sept.
Cela se poursuit avec Paul Christian qui divise le Tarot en deux types de cartes : les arcanes majeurs et les arcanes mineurs.
Commencer par se défaire de ces interprétations occultistes et regarder le Tarot tel qu'il est nécessaire si l'on veut enfin en percer le mystère.
Il faut ensuite écouter son murmure, et cela commence par la résolution de ses énigmes. Car le Tarot est plein d'étranges anomalies, qui sont autant de clés laissées par ses créateurs à la faveur de qui s'attacherait suffisamment au Tarot.
Vous trouverez dans cette catégorie de posts : Les énigmes du Tarot, quelques-unes des anomalies les plus visibles et ce que leur résolution apporte dans la compréhension de ce que le Tarot représente en réalité, et le type de message que ses créateurs ont voulu déposer en lui.
L'ERREUR INITIALE D'UNE DISTRIBUTION DES CARTES SEPT PAR SEPT
La distribution des Cartes sept par sept qu'opère Court de Gébelin est encore, de nos jours, l'une des raisons pour lesquels ce Livre en image reste fermé, à de nombreux tarologues.
Il nous faut donc commencer par comprendre pourquoi elle ne peut pas être la clé qui ouvre le Livre en image qu'est le Tarot.
Court de Gébelin a vu, dans le Tarot entier, onze sous-parties gérées par le nombre sept :
" Ce jeu est absolument fondé sur le nombre sacré de sept. Chaque couleur et de deux fois sept cartes. Les Atouts sont au nombre de trois fois sept : le nombre des cartes de soixante-dix-sept ; le Fou étant comme zéro." (Court de Gébelin, Le Monde primitif, Tome 1, 1773.)

Comme le nombre de Cartes en jeu dans le Tarot est soixante-dix-huit et non soixante-dix-sept et pour parvenir à un multiple de ce nombre sept qui lui semble le seul nombre suffisamment sacré pour justifier d'une organisation du Tarot, Court de Gébelin est obligé de retirer une Carte au jeu : il s'agit du MAT qu'il requalifie "Le Fou".
Il est vrai que sur la Carte du MAT, aucun Nombre n'apparaît, et pour cause : le nombre zéro n'existe pas en chiffres romains. Mais éliminer LE MAT sans autre justification n'est pas acceptable, car LE MAT est bien l'une des soixante-dix-huit Cartes du Tarot.
Pourtant, Court de Gébelin n'était pas loin de trouver la clé qui ouvre le Tarot, car la bonne distribution des Cartes qui va de cinq en cinq connaît des exceptions nécessaires et qui, nous le verrons sont fondées sur le sens profond qui se dégage alors de l'ensemble des Cartes du Tarot. Parmi ces exceptions, il y a bien celle du MAT mais aussi celle du MONDE qui ne peuvent pas aller l'un sans l'autre, étant deux Atouts complémentaires : LE MAT contient tout en potentialité, il ne peut donc pas faire partie du Tout et LE MONDE contient tout en réalité, il sera donc, aussi, hors de la distribution des autres Cartes.
Admettons, un instant, la validité d'une telle distribution du Tarot par le nombre sept proposée par Court de Gébelin. Cette distribution s'impose en effet d'elle-même bien plus rapidement que la distribution des Cartes cinq par cinq qui est pourtant la clé qui ouvre le Livre en image du Tarot de Marseille : il y a en effet vingt et un Atouts nombrés, comme le remarque Court de Gébelin, et c'est un multiple de sept. Et il y a aussi quatorze Cartes dans chaque Couleur, un autre multiple de sept.
Mais si nous étalons le jeu de cette manière, les ensembles de Cartes qui en ressortent ne font malheureusement pas sens.
Rien ne justifie l'existence des ensembles de Cartes qui pour le premier irait des As aux Sept, et pour le second, des trois dernières cartes numérales (du VIII au X) aux quatre Figures de Cour. Que pourraient bien signifier de tels ensembles ?

Rien ne me venait dès lors à l'esprit quand j'essayais de voir si effectivement cette distribution des Cartes sept par sept faisait sens.
Aurons-nous plus de chances avec les seuls Atouts qui, pour nombres de
taromanciens et tarologues actuels, se distribuent sept par sept comme l'avait pensé Court de Gébelin, en se contentant, cependant et contrairement à ce dernier, de l'appliquer aux seuls Atouts ?

On a alors trois ensembles d'Atouts en exceptant LE MAT qui ne se compte pas : le premier qui va du BATELEUR au CHARIOT, le second de LA JUSTICE À TEMPÉRANCE et enfin le dernier qui mène du DIABLE au MONDE. Quel sens véritable peut bien avoir une telle répartition de trois ensembles ?
La tarologue qui, à mon sens a poussé le plus loin l'interprétation et a presque donné du sens à cette organisation du Tarot par une distribution des Cartes sept par sept, c'est Claude de Milleville qui est aussi l'une des rares à donner une grande importance aux Nombres dans le Tarot.
Claude de Milleville voit dans cette organisation du Tarot un verger de l'amour composé de sept arbres qui correspondent aux sept Verticales qui ressortent avec en premier Arbre, l'ensemble LE BATELEUR, LA JUSTICE et LE DIABLE à qui elle donne un titre : "entreprendre" en second Arbre, LA PAPESSE, L'HERMITE et LA MAISON DIEU, qui s'intitule : " apprendre" etc. Claude de Milleville a ensuite considéré les trois étages d'Atouts sous le modèle temporel des trois âges de la vie.

Si l'idée d'une répartition des Cartes qui fait sens tant horizontalement que verticalement montre une remarquable intuition, malheureusement cette dernière est restée enfermée encore dans la distribution des Cartes sept par sept initiée par Court de Gébelin et transmise par les occultistes des deux siècles qui allaient suivre, elle est restée dans une relation totalement arbitraire au sens et rien d'évident ne relie ces trois Atouts qu'elle imagine être des Arbres.
Il manqua, à Claude de Milleville, la clé initiale qui, seule, lui aurait permis d'ouvrir le Tarot : la distribution des Cartes cinq par cinq.
Certains taromanciens, judicieusement, évoquent pour expliquer les trois étages d'Atouts qui ressortent de cette distribution des Cartes sept par sept initiée par Court de Gébelin, la traditionnelle répartition entre le corps, l'âme et l'esprit... Mais nul ne s'explique de manière convaincante en quoi cette répartition est fondée par ces suites très arbitraires d'Atouts.
PARLER "D'ARCANES" A DIVISÉ EN DEUX LE TAROT ET A INVISIBILISÉ LES FIGURES DE COUR
En renonçant à intégrer les Cartes de Couleurs dans cette distribution du Tarot sept Cartes par sept, inventée par Court de Gébelin, et en ne l'appliquant qu'aux seuls Atouts, les taromanciens contemporains suivent en réalité une nouvelle habitude qui nous vient de l'occultiste français qui se faisait appeler Paul Christian et qui a donné le nom d' "arcanes" aux Cartes de Tarot, conduisant finalement à la séparation désormais généralement admises entre "Arcanes majeurs" et "Arcanes mineurs".
Né sous le nom de Jean-Baptiste Pitois, Paul Christian publia une Histoire de la magie en 1870 où apparaît pour la première fois ce nom d'"Arcanes" qu'il attribue aux Atouts sur lesquels portait exclusivement son attention. La division en Arcanes majeurs et Arcanes mineurs est intervenue ultérieurement, peut-être avec l'intéressante création du Rider, le Tarot recomposé de la Golden Dawn. Ce cercle ésotérique anglais du début du XXe siècle a en effet stabilisé les différentes déformations opérées par les occultistes des deux siècles passés et habitué les amateurs à ces dernières.

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Il est alors devenu commun de voir le Tarot composé de deux parties séparées et hiérarchisées, cette hiérarchie expliquant sans doute l'abandon des Cartes de Couleur par une grande partie des amateurs du Tarot qui se concentrent, comme Jean-Baptiste Pitois, sur les seuls Atouts.
Bien que le mot "Arcane" soit d'abord un terme alchimique qui désigne une étape qui n'est connue que par les initiés dans la fabrication de la pierre philosophale ou de l'élixir de longue vie, Paul Christian lui a donné un sens initiatique, en lien aux Mystères qu'il imagine être ceux de l'Égypte antique, se pratiquant dans les souterrains de la pyramide de Gyseh où les aspirants auraient subi de multiples épreuves, parmi lesquelles il y aurait eu la découverte des Atouts du Tarot, retrouvant les trois mondes de Court de Gébelin :
Paul Christian décrit ainsi comment l'apprenti magiste accédait un enseignement sacré en contemplant "vingt-deux Arcanes ou hiéroglyphes symboliques, dont chaque attribut voile un sens, et dont l'ensemble compose une doctrine absolue, qui se résume dans la mémoire par sa correspondance avec les Lettres de la langue sacrée et avec les Nombres qui se lient à ces lettres", tout en précisant que "chaque Lettre et chaque Nombre, quand le regard les contemple ou que la parole les profère, exprime une réalité du Monde divin, du Monde intellectuel et du Monde physique".
Renoncer au terme d'"Atout" ou à celui qui le précéda historiquement et en Italie de "Triomphe", en usage chez les joueurs n'est pas anodin ; il a a toujours eu une signification positive que n'a pas le terme d'Arcane : l'Atout ou le triomphe c'est ce qui donne avantage au joueur, ce qui lui permet de gagner.
Il y a en outre, dans le langage des oisons l'idée que, dans un Atout, il y a tout, c'est-à-dire cette unité de tout avec tout sur laquelle repose peut-être un important message du Tarot. Avoir un Atout dans son jeu, du point de vue symbolique, c'est peut-être devenir capable de retrouver cette unité de tout avec tout qui est la condition d'une métamorphose de la conscience.
Mais surtout, cette répartition des Cartes du Tarot en deux parties, avec d'un côté les Atouts et de l'autre les Cartes de Couleur tend à invisibiliser les Cartes de Cour qui représentent l'humanité. Or l'hermétisme, et tout particulièrement l'hermétisme humaniste de la Renaissance, fait jouer à l'humanité un rôle central, médiateur entre les forces du Ciel (les Atouts) et celles de la Terre (les Nombres).

De même que, dans le XXIe Atout, LE MONDE, l'humanité sous la forme de la Danseuse est au centre de la Carte, les Cartes de Cour ne peuvent être qu'au coeur du Tarot et la bonne distribution des Cartes doit nécessairement y conduire.
D'autre part, s'il y a un lien incontestable entre le Tarot et l'Égypte antique, ce n'est pas un lien direct et on ne peut agréer l'imagination échevelée de Jean-Baptiste Pitois sur les mystères qui se seraient déroulées dans le ventre de la Pyramide de Gizeh qu'aucun historien n'a jamais attesté.
La hiérarchie qu'induit en outre les adjectifs "mineurs" et "majeurs" dans l'usage ordinaire désormais du mot "Arcane" pour désigner les Cartes du Tarot est-elle bien en accord d'autre part avec l'humanisme de la Renaissance ?

Parler d'Arcanes mineurs à propos des Honneurs qui représentent les différentes expressions de la diversité de l'humanité à la fois une et diverse est une trahison de l'esprit de la Renaissance qui a présidé à la création du Tarot et qui visait à rendre l'humanité de consciente de son rôle - unique - en tant que créature matérielle et à la fois spirituelle, au sein du Cosmos.
Il n'y a en réalité rien de "mineur" dans les Cours du Tarot aux yeux des humanistes de la Renaissance qui ont présidé à la création du Tarot.
Incarnant l'humanité au sein du jeu de Cartes inventé à. la Renaissance, les Honneurs ont été placé, par les créateurs du Tarot, au centre du jeu, ce que révèle seulement la distribution des Cartes du Tarot cinq par cinq, conformément aux règles des joueurs longtemps en cours et certainement avant ou depuis la création du Tarot.
L'ÉTERNEL RETOUR PROPOSÉ PAR LA ROTA D'ÉLIPHAS LÉVI S'OPPOSE À LA PROGRESSION CONTENUE DANS LE TAROT
Bien que tout aussi tentante soit la Rota d'Éliphas Lévi - de vrai nom Alphonse-Louis Constant - , elle a éloigné les amateurs du Tarot de la possibilité d'en saisir les messages.`

Cet ecclésiastique que fut Alphonse Louis Constant avant de se passionner d'occultisme, a cru voir dans les Atouts une organisation en forme de Roue, conformément à l'étymologie latine qu'il attribue au mot "Tarot" : "Rota" : la Roue.
Dans Dogme et rituel de Haute Magie (1854), Éliphas Lévi met en relation le terme latin "Rota" et la Torah hébraïque du fait de la proximité des mots.
Reprenant l'idée kabbaliste d'une correspondance entre Nombre et lettres, pour l'appliquer aux Cartes du Tarot, il affirme du tarot qu'il est une production kabbaliste :
"Le secret absolu de cette direction a été possédé par quelques hommes et peut encore être trouvé. C'est le grand arcane magique, il dépend d'un axiome incommunicable et d'un instrument qui est le grand et unique athanor des Hermétistes du plus haut grade./ L'axiome incommunicable est renfermé cabalistiquement dans les quatre lettres du tétragramme (...), et dans le monogramme du Christ, tel qu'il était brodé dans le labarum, et que le cabaliste Postel interprète par le mot ROTA, dont les adeptes ont formé leur tarot ou tarot, en répétant deux fois la première lettre, pour indiquer le cercle et faire comprendre que le mot est retourné".
Outre que le fait que la conception qu'Éliphas Lévi se fait de la cabale et qui donne au Christ un rôle essentiel n'a bien évidemment aucun fondement dans la tradition cabaliste, faire du Tarot une production cabaliste est presque un contresens historique, du fait que la cabale, de tradition juive, est issue du gnosticisme dont la conception du réel était, aux premiers siècles de notre ère où le gnosticisme s'épanouit, à l 'exact opposé de celle de l'hermétisme, dont nous verrons qu'il représente le socle doctrinaire qui inspire le Tarot.

Éliphas Lévi fut l'un des occultistes qui, avant René Guénon, pensaient qu'à l'origine, une Tradition spirituelle unique aurait été directement enseignée à de rares élus par une Entité divine nommée "Archange Raphaël" par les monothéistes juifs, chrétiens et musulmans mais, préalablement, "Mercure" par les Latins, "Hermès" par les Grecs et "Thot" par les Égyptiens.
Cette entité, considérée comme l'Enseignant originel de l'humanité, aurait transmis à un cercle originel de disciple la toute première écriture existante : celle des hiéroglyphes, et dont le jeu de Tarot aurait conservé la mémoire et l'expression en image.
Ce sont les Bohémiens, explique-t-il, en outre, dans La Clé des grands mystères (1861), qui auraient assuré la conservation et la transmission de ce savoir, à travers un certain nombre de jeux, dont celui des Tarots mais aussi celui des Échecs et celui de l'Oie.
Le Tarot aurait reproduit la forme de la temporalité cyclique propre, selon Éliphas Lévi, à toute Manifestation, ce qui aussi expliquerait l'origine de son nom, car le Tarot n'aurait été selon lui qu'un "cercle ou rota, formé par le dragon ou le serpent pour exprimer la longueur des jours". Même si le mot alchimique d'"Ouroboros" n'est pas alors, clairement, rappelé, Éliphas Lévi assimile le Tarot à un Serpent antique (ou à un dragon) qui se mord la queue et prend la forme de la roue :
"Le jeu d'échecs, attribué à Palamède, n'a pas une autre origine que le tarot, et l'on y retrouve les mêmes combinaisons et symboles, le roi, la reine, le cavalier, le soldat, le fou, la tour, puis des cases représentant des nombres. (...) Notre vulgaire jeu d'oie, renouvelé des Grecs et attribué également à Palamède, n'est qu'un échiquier à figures immobiles et à nombres mobiles au moyen des dés. C'est un tarot disposé en roue, à l'usage des aspirants à l'initiation. Or, le mot tarot, dans lequel on trouve rota et tora, exprime lui-même, comme l'a démontré Guillaume Postel, cette disposition primitive en forme de roue. / Les hiéroglyphes du jeu d'oie sont plus simples que ceux du tarot, mais on y trouve les mêmes symboles : le bateleur, le roi, la reine, la tour, le diable ou Typhon, la mort, etc. Les chances aléatoires de ce jeu représentent celles de la vie et cachent un sens philosophique assez profond pour faire méditer les sages et assez simple pour être compris par les enfants."
Rien, en réalité, ne nous permet d'assimiler au Tarot à une roue qui ne concernerait, de surcroit, que les Atouts. Et surtout l'idée d'Éternel Retour que cette dernière contient est en contradiction flagrante avec l'espérance de la Renaissance et que les créateurs du Tarot ont véritablement voulu inscrire dans ce jeu.
La représentation que se fait en réalité du temps le Tarot et qu'on peut voir à travers différents Atouts, dont celui de LA ROUE DE FORTUNE, où il y a bien une roue, n'est circulaire que tant que l'humanité reste endormie. Elle subit, alors, les aléas de la vie, ses hauts et ses bas, dans un temps circulaire qui la conduit à toujours répéter les mêmes erreurs.
Mais tout autre que circulaire est la temporalité de l'adepte qui sort de l'inconscience ordinaire où cependant, il est vrai, reste encore trop souvent la majorité des êtres humains.

Si LA ROUE DE FORTUNE fait place à la notion de Roue du temps et d'éternel retour, elle propose en réalité à l'aspirant qui désire cheminer sur le chemin hermétique la résolution d'une énigme, celle même qu'a posé la sphinge à Oedipe, et qui permet de sortir du temps à la fois répétitif représenté par la roue de l'Atout X.
Le but du Tarot est de permettre à l'humanité qui est en chacun de s'éveiller à sa haute nature de façon à agir avec conscience, de manière non mécanique, de manière donc exclusivement créative, semblable à l'agir divin lui-même.
Loin donc de représenter un éternel retour semblable aux cycles de la nature, le Tarot affirme l'espérance d'un progrès radical qui rendra inutile les cycles de création, parce que la dégradation, puis la destruction apocalyptique qui est le lot de l'humanité tant qu'elle ne s'éveille pas à sa nature divine... n'auront plus lieu d'être.
SUIVRE LES INDICES DU TAROT ET REVENIR À LA DISTRIBUTION ORIGINELLE DES CARTES, PAR LES JOUEURS

Si l'on veut ouvrir le Tarot de Marseille, il faut commencer par distribuer les cartes comme le faisaient les joueurs de l'époque où il fut créé : cinq Cartes par cinq.
Cette distribution est la principale clé qui permet d'accéder la lecture du message que contient le Tarot.
Cette distribution n'est pas arbitraire, contrairement aux autres types de distribution de Cartes : les créateurs du Tarot ont en effet laissé des indices aux amateurs pour que cette clé ne se perde jamais, ou du moins, qu'elle puisse être retrouvée après avoir été perdue.
Le premier indice, c'est la façon dont le jeu était distribué à l'époque de la Renaissance. Il y a fort à parier que les créateurs du Tarot se sont appuyé sur les habitudes des joueurs, à moins même qu'ils aient inventé une nouvelle tradition de façon à ce que la distribution des Cartes du Tarot, cinq par cinq ne soit pas oubliée, et cela pour la bonne raison qu'elle est la clé qui permet d'ouvrir le Livre en image qu'est le Tarot.
En 1637, une lettre de l'abbé Michel de Marolles témoigne de cette distribution des cartes cinq par cinq entre les joueurs de tarot . On peut lire aussi qu'au XVIIIe siècle, cette ancienne distribution était alors toujours d'actualité. On la trouve mentionnée par Court de Gébelin dans le Monde primitif où il présente le Tarot et le sens symbolique de ses Cartes à ses contemporains :
" On donne les Cartes par cinq, ou de cinq en cinq. /Sur les78 Cartes il en reste donc trois à la fin au lieu de les partager entre les Joueurs et la réserve ou le Mort, celui qui donne les garde pour lui ; ce qui lui donne l'avantage d'en écarter trois. »
Que cette habitude soit née d'une volonté des créateurs du Tarot ou bien qu'elle relève d'une tradition plus ancienne, ne change rien sur l'essentiel : elle est la clé qui révèle l'Organisation holistique du Tarot de Marseille, sans laquelle il est impossible, par exemple, de voir le rôle - central - que jouent les Figures au sein de cette Organisation, ou de visualiser la mise en image du message que contient le Taraot.
Si toutefois cette règle du jeu avait dû être oubliée dans le futur, les créateurs du Tarot ont laissé un important indice pour permettre à l'amateur de la retrouver : certains "U" s'écrivent comme des "V", au sein des désignations d'Atout.
Or, le V n'est pas seulement une lettre, c'est aussi un nombre : le nombre cinq qui renvoie à la notion de Main et de doigts, ainsi qu'à la distribution des Cartes cinq par cinq.
Ce remplacement des "U" par des "V" au sein du Tarot est systématique dans certains des plus anciennes éditions conservées, comme c'est le cas de celle du cartier Jean Dodal (XVIIe siècle), mais il est limité à certains "U" dans d'autres éditions, comme c'est le cas dans celle du Nicolas Convers du début de la seconde moitié du VIIIIe siècle.

Comment ne pas remarquer le sens que prend, par exemple, ce remplacement dans la désignation de l'Atout X, "LA ROVE DE FORTVNE" du Tarot Conver. Les deux "V" sont aussi les deux cinq qu'on trouve unis par la pointe dans le Nombre de l'Atout X. Ce remplacement des "U" par les "V" apparaît seulement à partir de "L'AMOUREVX", c'est-à-dire à un moment où le Nombre V est intégré dans le cheminement que propose le Tarot.
Le V dans son écriture latine est en outre le symbole d'une coupe ouverte vers le ciel. Il a d'importantes significations hermétiques et son écriture vise à orienter le sens des Cartes du côté de la géométrie sacrée à laquelle Lucas Pacioli avait consacré son remarquable ouvrage à l'époque et au lieu mêmes où fut créé le Tarot : à la Cour milanaise de Ludovic Sforza.

Ce nombre V est central dans la relation au nombre d'or, au même titre qu’au pentagramme étoilé, et à la main humaine cette dernière formant un V en partant du pouce pour aller au coin de la paume, et remonter vers l'auriculaire et dont les différentes mesures sont en jeu dans la canne de l'architecte, justement nommé aussi le quine, et qui a servi à la construction des édifices sacrés.
En outre, le terme de "Main" appartient au vocabulaire des joueurs. Une Main c'est, pour les joueurs, une combinaison de cinq Cartes qui expose la puissance du joueur face à celle des autres.
Il ne faut pas s'étonner que la distribution des Cartes qui ouvre le Livre du Tarot soit celle qui procède cinq par cinq Cartes, ni que les créateurs du Tarot aient insisté sur l'importance de ce nombre en remplaçant certains "U" par des "V".
Ce Nombre V est en effet au coeur de la symbolique propre à l'humanisme et à l'hermétisme de la Renaissance. C'est un Nombre qui fait jouer à l'humanité un rôle essentiel, comme le rappelle aussi l'Homme de Vitruve de Léonard de Vinci qui assimile le pentagramme étoilé et le corps de l'être humain.
C'est ce nombre V qui supporte toute l'Organisation holistique du Tarot de Marseille.
CE QUE RÉVÈLE LA DISTRIBUTION DES CARTES CINQ PAR CINQ
-Elle rend visibles les Cours du Tarot
Ce que commence par faire voir à l'amateur du Tarot la distribution des Cartes cinq par cinq, ce sont les trois types de Cartes dont le Tarot se compose. Le Tarot n'est pas en effet constitué que de deux types de Cartes, "Arcanes Majeurs" et "Arcanes Mineurs" qu'il serait au demeurant plus judicieux et respectueux à l'égard des créateurs du Tarot de nommer "Atouts" et "Cartes de Couleurs", mais de trois types de Cartes : il y a les Atouts, les Honneurs (Figures ou Cartes de Cour), et les Cartes Numérales (dits encore Nombres ou Cartes à points).

Si le Nombre trois est effectivement important dans le Tarot - ce qu'avaient bien soupçonné les occultistes des siècles passés -, il ne faut pas l'appliquer arbitrairement aux seuls Atouts, mais à cet ensemble complet que représentent les soixante-dix-huit Cartes du Tarot. Les Nombres représentent la Terre matérielle et concrète du Tarot, les Atouts le Ciel archétypal, et les Figures de Cours l'humanité qui fait le lien entre ces deux mondes du Ciel et de la Terre.
Il n'est pas faux dès lors de reprendre l'antique division philosophique de la réalité en trois parties : corps, âme, et esprit, mais il faut l'appliquer à l'ensemble que représente le Tarot en entier, sachant que ce dernier est une représentation de la réalité telle que l'hermétisme de la Renaissance la concevait. Selon cette division du réel, à l'Esprit correspondent les Atouts ou archétypes immatériels, à l'Âme du monde les Cours du Tarot, et aux Nombres le Corps matériel et cosmique de l'univers.
On se rend alors immédiatement compte alors que les Cours du Tarot jouent un rôle central à plusieurs titres. Non seulement elles incarnent l'Âme du monde puisque, seule, au sein du monde cosmique, l'humanité est dotée de conscience réflexive, capable donc d'admirer l'oeuvre de la Création, mais aussi, elles se révèlent les essentiels intermédiaires entre l'Esprit divin et Son Corps qu'est l'Univers, et donc au sein du Tarot qui est le miroir du Réel tel qu'il était conçu par les hermétistes de la Renaissance, entre le monde archétypal que sont les Atouts et le monde matériel que représentent les Nombres.
Parce qu'elle possède une partie de chacun de ces deux mondes, l'humanité, et elle seule, est capable de fermer le cercle ouvert par la dualité lors de la création du monde. Tel est le destin ultime de l'humanité, le rôle que lui a dédié le Divin de toute éternité, et qu'entendent bien révéler au monde, dès lors qu'il sera prêt à l'entendre... ou à le voir, les créateurs du Tarot.
Elle rend visible le lien entre les Atouts et les Cours du Tarot

Le lien qui existe entre les Cours et les Nombres est évident : ils partagent la même des quatre Couleurs qui organisent le Tarot.
Mais le lien qui existe entre les Atouts et les Cours reste peu visible si on ne distribue pas les Cartes cinq par cinq. Cette dernière dévoile donc en quoi les Cours sont autant du Ciel que de la Terre, en plaçant chaque membre sous la direction d'un ou de deux atouts.
Il y a en effet une forte ressemblance entre les Atouts des deux premières Mains et les Figures de Cour dès lors que les Cartes sont distribuées cinq par cinq faisant des Atouts des premières Mains des Maître-Atouts des Honneurs qui leur correspondent en termes de place.
Ainsi, LE BATELEUR et secondairement L'AMOUREUX sont les Maîtres-Atouts des Valets. LE CHARIOT, seul Atout accompagné de deux chevaux, est clairement le maître-Atout des Cavaliers. L'IMPÉRATRICE et secondairement LA JUSTICE sont les Maîtres-Atouts des quatre Reines du Tarot, tandis que L'EMPEREUR et secondairement L'HERMITE sont ceux des Rois.
Cette distribution des Cartes cinq par cinq soulève d'autre part certaines énigmes que posent les Cours du Tarot et qui restaient totalement occultées sans elle : pour quelle raison ni LA PAPESSE ni LE PAPE n'ont-ils leurs représentants et représentantes au sein de l'humanité ? Il y a manifestement un cinquième Honneur manquant, plus puissant que le Roi et qui a manifestement l'oreille de ce dernier comme le montre la systématique posture des Rois, au regard attiré par la droite. Aussi nous vous invitons à poursuivre cette intéressante interrogation : existe-t-il un cinquième Honneur invisible ?
Elle rend accessible la signification symbolique des Nombres

Enfin, la distribution des Cartes cinq par cinq a un autre intérêt, particulièrement pour ceux qui désirent avoir accès à la signification symbolique des Cartes numérales. Certes, cette symbolique est plus ancienne que le Tarot puisqu'elle remonte à Pythagore. Il s'agit alors de lier la symbolique du nombre à la Couleur en jeu. Mais, l'Organisation holistique du Tarot de Marseille telle qu'elle est révélée par la distribution des Cartes cinq par cinq, permet aussi de placer les Nombres sous le patronage des Atouts.
Les amateurs alors peuvent examiner avec plus d'assurance intérieure et plus d'autonomie la validité des différentes interprétations, et tout particulièrement celle, référentielle pour ceux qui utilisent les Cartes de Couleurs dans leurs interprétations psychologiques ou taromanciennes, du Rider.
Ainsi, le III d'Épée qui, placé sous l'égide de l'IMPÉRATRICE mais aussi de l'Atout XIII, dans la Couleur de Coupes, parle de liens ou projets naissants, coupés à leur racine, ce que Paméla Colman Smith a représenté par un Coeur traversé de trois épées, dans un Ciel plombé de gros nuages et pluvieux.
-Elle fait surgir les Croix de complémentaires et le XXI qui s'y trouve au coeur
Les Atouts qui représentent les archétypes immatériels à partir desquels la réalité matérielle est modelée par la force divine se présentent, dans l'Organisation holistique du Tarot révélée par la distribution des Cartes cinq par cinq comme reliés à leur Atout complémentaire.
Le plus beau message du Tarot se trouve dans la révélation de cette inscription du Chrisme qui est au coeur des quatre Mains des Atouts.
Dès lors que les tarologues ont renoncé aux distorsions et élucubrations des occultistes des siècles passés, et en particulier à voir dans LE MAT l'expression du Nombre XXII, ils peuvent enfin découvrir la façon dont les créateurs du Tarot ont pensé la complémentarité des Atouts.
Chaque Atout en effet représente une expression particulière du divin qui est en elle-même insuffisante et qui a besoin de se connecter à son Atout complémentaire pour parvenir à la perfection du MONDE. Cette complémentarité résulte d'une addition de deux Nombres pour aller jusqu'à XXII.

Ainsi, l'Atout I, LE BATELEUR, qui contient en lui l'individualité originelle, le petit Soi, ne peut cependant réaliser la perfection de sa nature qu'en se reliant et s'additionnant à l'Atout XX, LE JUGEMENT où une famille complète constituée de la Mère Terre et du Père Ciel contemple la naissance-renaissance de l'Enfant bleu, et cela sous le chant triomphant de l'ange.
Et pour prendre un autre exemple, l'Atout V, LE PAPE, qui représente la personne consacrée, le sacrificateur appartenant à une tradition religieuse et qui a pour fonction d'unir et séparer par un acte sacré ce qui doit l'être, ne peut parvenir à la perfection de sa nature qu'en se reliant et en s'additionnant à l'Atout XVI qui représente le Temple de Dieu ouvert sur le Ciel, autrement dit une spiritualité sans frontière, sans dogmatisme, sans fanatisme. Ainsi donc, les Atouts I et XX, mais aussi V et XVI forment une Croix de complémentaire.
Ces Croix de complémentaires une fois déployées ont, en outre, un autre cadeau à offrir à l'amateur du Tarot de Marseille : elles inscrivent le Nombre XXI au coeur même des deux Voies, femelle et mâle que forment les Mains des Atouts, confirmant s'il en était besoin que la bonne distribution des Cartes du Tarot ne peut se faire que cinq par cinq.

Cette distribution des Cartes cinq par cinq n'a donc rien d'arbitraire. Elle est la clé qui ouvre le Livre en image du Tarot et en révèle le message hermétique : l'éveil de l'humanité, l'humanité enfin christique, l'Ève divine, est ce qu'attend le cosmos tout entier, Âme et Corps divin, pour transformer toute opposition née avec la dualité de la Manifestation en complémentarité et fermer le Cercle divin.
Le Tarot réserve cependant maintenant son plus beau cadeau à celui qui parvient à en découvrir le sens : les Croix de complémentaires ne s'étirent pas horizontalement comme dans le Nombre XXI dans le Tarot, elles dessinent le symbole du Christ, le comme la Figure même qui organise les quatre Mains du Tarot.

Les créateurs du Tarot ont donc inscrit, au sein même de la structure du jeu de Tarot, le message hermétique tel qu'il avait été repensé à la Renaissance : l'Anthropos primordial n'est autre que le Christ, dont Jésus de Nazareth fut la première Incarnation sur Terre.
Ainsi, l'Âme divine n'est-elle elle-même dans son entièreté que l'Image cosmique immatérielle de l'Anthropos primordial : accordée depuis toujours pour transformer les oppositions en Croix de complémentaires, elle n'est autre que l'expression d'une même profonde réalité : le Monde est Un, les oppositions s'accordent pour devenir des complémentaires, la division disparaît, l'Unité divine redevient visible, et l'émerveillement de l'humanité renaît.

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